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Dimanche, 06 octobre 2024

Chopin Fourrures ferme ses portes

Texte Marek Zielinski
Recherche Luz Garcia de Zielinski
Photos de Jack Northon

En douceur, sans faire du bruit, une page importante se tourne : avec la fermeture prochaine de la boutique de Chopin Fourrures, au 5161 Wellington, toute une industrie amorce sa lente disparition. Fondée en 1953 par Julien Chopin et reprise à sa mort par son fils, Pierre Chopin, il y a 40 ans, l’entreprise s’est spécialisée dans la confection des manteaux de fourrure, assurant à elle seule toutes les étapes de la fabrication. 

La vraie passion : les gens

Propriétaire et employé unique, Pierre, en vrai artisan passionné, a maîtrisé au fur des ans tout le processus, de la prise de mesures, en passant par le design, la création du patron, à la confection proprement dite, et jusqu’à l’entreposage, qui doit se faire à la température de 0 degré Celsius et sans humidité. Dans ces conditions, une fourrure peut espérer une vie de 20-30 ans, voire plus, selon la qualité du matériau. Pierre a tout appris auprès de son père et de ses employés. Il a suivi aussi des cours au Collège Lasalle pour perfectionner l’art du patron. Dans son métier, il sait tout faire. Il incarne cette espèce d’artisans en voie de disparition qui vit et respire leur art. Il en faisait même les livraisons, le soir, après les heures de fermeture de la boutique. Sa vraie passion pourtant, il le souligne lui-même, se sont et ont toujours été ses clients, qu’il connaît tous par leur nom. Durant les années, il a vu changer la démographie de sa clientèle : elle est devenue de plus en plus jeune et exigeante. La nouvelle génération découvrait les manteaux ou les couvre-chefs quelque part au grenier, parmi les vêtements laissés par une grand-mère ou une tante. Si l’état de la pièce le permettait, Pierre faisait de la réparation pour redonner le lustre qu’on croyait perdu à tout jamais. 

Il vous reste donc quelques semaines
pour gâter vos proches
avec un cadeau en vison…

Dans l’atelier d’un maître

Visiter son atelier est comme entrer dans un monde en soi, avec des outils qu’on ne voit nulle part ailleurs. L’émotion est d’autant plus forte que ce monde est voué à disparaître avec lui. S’il y a un regain d’intérêt pour les produits en fourrure, ceux qui savent le faire sont par contre introuvables. Après quatre décennies, Pierre a pris la décision d’arrêter pour pouvoir tout simplement vivre : voyager avec son épouse, découvrir de nouvelles passions (la fabrication des meubles, par exemple) ou juste goûter aux joies du dolce farniente ! Un voyage en Europe au début de l’année prochaine est déjà planifié, d’autres suivront. Questionné sur son état d’âme face à ce changement majeur dans sa vie, Pierre avoue l’anticiper avec joie et curiosité. Il considère s’être rendu aussi loin que possible dans sa profession. Amoureux de Verdun, du fleuve et de ses berges, Pierre ne cache pourtant pas son agacement face aux difficultés liées à la circulation dans notre arrondissement, que de nombreux chantiers routiers paralysent dernièrement. Pour lui, qui faisait ses livraisons lui-même, ne plus devoir prendre de voiture tous les jours est une douce perspective.

La boutique fermera à la fin du mois de décembre, il vous reste donc quelques semaines pour gâter vos proches avec un cadeau en vison (le top du top !). Pierre prendra de nouvelles commandes jusqu’à fin octobre, puis s’accordera le reste de l’année pour les honorer. 

Chaque fin est le début d’autre chose, même si la fermeture d’un commerce unique sur la Well est plutôt triste. En attendant, allez-y faire un tour pour, qui sait, dénicher une offre exceptionnelle parmi les dizaines de manteaux en stock – n’oubliez pas, l’hiver s’approche !

  • Chopin Fourrures 514-937-3116

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