Texte et photos de Carole Pelletier
Collaboration spéciale
Peut-on aller à Dubaï sans aller dans le désert ou sans faire une petite excursion chez sa voisine Abu Dhabi ? (titre 2)
Si vous y êtes pour plusieurs jours, pas vraiment. À force de côtoyer les gratte-ciel, il serait facile de passer à côté de la nature essentielle de Dubaï : le golfe et le sable. En 1800, Dubaï n’était qu’un petit port de commerce, de pêche, de survie et de perles naturelles. Il y avait aussi presque à la grandeur du territoire les gens du désert, nomades pour la plupart, ou fermiers plus sédentaires dans les montagnes, qui s’adaptaient à un environnement difficile et vivaient dans la simplicité. Les abris étaient faits de poils de chèvres et de moutons, de sacs de toile, de frondes de palmiers et, là où il y avait une certaine permanence, de cailloux et de glaise.

Nous avons choisi une visite dans le désert. L’exercice d’une demi-journée était hautement touristique avec conduite de tout-terrain dans le sable, kiosque pour les souvenirs, très petit tour à dos de chameau, mais, surtout, un repas dont les épices se sont révélées délicieuses, un spectacle de danse intéressant et des conversations qui ont mené à la rédaction de brins d’humanité (voir plus bas).
Abu Dhabi est la capitale des Émirats arabes unis, le plus grand et le plus riche des sept émirats qui, contrairement à Dubaï, tire principalement ses revenus de l’exploitation du pétrole. Aujourd’hui, il se diversifie avec la finance et l’assurance, la fabrication et le tourisme. Les hauts lieux d’Abu Dhabi incluent la grande mosquée et le Louvre local, le Grand Prix de Formule 1 automobile avec les ateliers Ferrari et le palais royal.


Les questions…
Pêcher la perle?
Ces « larmes d’Aphrodite » sont appréciées depuis l’antiquité. Il y a 100 à 200 ans, il y avait quelque 400 bateaux de pêche perliers qui partaient tous les matins de Dubaï dans le golfe Persique. Les pêcheurs plongeaient 300 fois par jour pour recueillir des huîtres – métier épuisant et dangereux! – et ce pendant trois mois par an. L’industrie a été complètement bouleversée à partir du moment où les Japonais ont maîtrisé l’art de la perle cultivée au début du 20e siècle.
Chameau ou dromadaire?
Dans la péninsule arabique et le Sahara, on retrouve des dromadaires; ils ont une seule bosse; en fait, ce sont des chameaux dromadaires, aussi appelés chameaux d’Arabie.
Les chameaux, à deux bosses, vivent dans les steppes.
Les bosses des deux espèces sont des réserves d’énergie; elles contiennent une masse de graisse blanche pouvant peser jusqu’à 100 kg pour un animal en forme.
Elle lui permet de se passer de boire durant 2 à 3 semaines par temps chaud et 4 à 5 semaines par temps frais.
La mosquée d’Abu Dhabi Sheikh Zayed
est-elle la plus grande au monde?
Eh bien, non. C’est la 19e. Par contre, elle est considérée comme la plus belle. Que des matériaux nobles. Elle peut accueillir 41 000 personnes. Et, non, vous ne pouvez pas passer à côté; elle est magnifique. Mesdames, vous devez porter l’abaya pour la visiter.
* * *
Brin d’humanité – Les Latviens et les Russes
Nous sommes assis avec eux au repas de la Fête dans le Désert. Ils sont quatre et parlent une langue qui ne nous permet pas d’identifier leur provenance. Je me lance en anglais… « d’où venez-vous? ». Et, oui, ils parlent l’anglais. Ils sont en vacances pour deux semaines et retournent ensuite chez eux en Latvie, cette ancienne république soviétique qui s’appelle aussi Lettonie. « Comment ça se passe chez vous? Il y a déjà un certain temps que ça s’est fait, mais comment avez-vous vécu la dissolution de l’URSS en 1991? Et, aujourd’hui, comment vivez-vous? » La transition fut difficile : passer d’un régime où tout dépend de l’autorité et commencer à se rebâtir ne se fait pas aisément. Aujourd’hui, ils sont heureux; ils considèrent leur niveau de vie bien meilleur. Les Russes… Ils ont encore de la famille, des amis là-bas, mais, globalement, ils ont toujours senti que les Russes les traitaient en citoyens de deuxième zone. Aujourd’hui, la fierté est revenue. Ce qui se passe en Ukraine les horrifie et génère une certaine anxiété. « Les sanctions économiques, qu’est-ce que ça fait pour le Russe de la classe moyenne? Est-ce un réel problème? » Mon interlocuteur se met à rire. « Les Russes n’ont plus de sucre, et, ça, c’est grave. » Cette discussion a lieu à la fin mars alors que nos amis latviens sont persuadés d’un dénouement rapide des hostilités en Ukraine. Le ton serait probablement différent aujourd’hui.
Brin d’humanité – Médecins au Bengladesh
La jeune trentaine, en provenance du Bengladesh, médecins tous les deux, elle généraliste et, lui ophtalmologiste. Ils voient tous les deux la vie un peu comme une série d’objectifs. Le premier était de pouvoir entrer dans les programmes d’études qui les intéressaient – mission accomplie! Et, ensuite, de s’établir chacun dans leur profession, particulièrement dans le secteur privé où la pression est plus supportable et la rémunération nettement meilleure. Après tout, ils ne travaillent qu’une soixantaine d’heures par semaine. Le deuxième était le mariage. Étant l’aîné, ça ne posait pas de problème pour lui. Elle, de son côté, devait attendre que sa sœur aînée se marie si possible avant elle – mission accomplie aussi. La cérémonie a eu lieu il y a deux ans et, enfin, ils se permettent un voyage de noces à Dubaï pour une semaine. Le troisième, c’est la famille, des enfants pour continuer la lignée; ils en rêvent. Ils sont attendrissants avec tout le sérieux qu’ils mettent à ordonner et à vivre leur vie.


La suite, la semaine prochaine, pour le dernier épisode…