Par Pierre Lussier
Le site de la Maison Nivard-De Saint-Dizier passionne toujours les archéologues qui connaissent la valeur de ce lieu situé à proximité des Rapides, là où jadis les voyageurs mettaient le pied à terre avant d’entreprendre un long portage pour remettre leur canoë à l’eau.
Entouré d’une douzaine de visiteurs attentifs, Mathieu Sévigny, chargé de projet responsable du chantier, a expliqué la démarche actuelle qui a conduit son équipe à fouiller deux emplacements voisins, creusés d’abord à la rétrocaveuse, puis à la pelle, jusqu’à environ cinq pieds de la surface.
Cet exercice, d’une durée de deux semaines qui se termineront le 30 août, a permis de trouver plusieurs artefacts intéressants de la préhistoire des autochtones avant l’arrivée des Européens. Il s’agit surtout de fragments et non d’objets entiers, ce qui n’a pas refroidi la curiosité et l’émerveillement du public qui assistait au dévoilement de parties de pointes de flèches et d’outils en argile façonnés il y a des milliers d’années.
Cette fois, on n’a pas trouvé de vaisselle en porcelaine, ni d’ustensiles des périodes française et anglaise, mais on peut s’attendre à d’autres découvertes intéressantes, y compris l’emplacement de feux de camp allumés bien avant l’arrivée de Jacques-Cartier.
L’archéologue Mathieu Sévigny, assisté de ses collègues Patrick Lapointe, Marine Puech et Nadine Chénier, a précisé que son équipe n’avait pas l’intention de creuser davantage le sol, et que des archéologues pourraient éventuellement le faire à un autre moment. Entre temps, Mathieu et son groupe passent au tamis des parcelles de terre afin de dégager si possible des fragments du passage des humains.
Montréal a mandaté la firme Ethnoscope pour réaliser ces fouilles sur une aussi courte période. Cela permettra tout de même d’enrichir la collection d’artefacts dans la réserve d’archéologie de la Ville, qui mettra en valeur ces trouvailles lors d’expositions.
Rappelons que l’intérêt pour la Maison Nivard-De Saint-Dizier, ravivé en 2005 par la reprise du lieu loué à la Légion canadienne pendant de nombreuses années, a conduit à des fouilles archéologiques importantes réalisées par une équipe de l’Université McGill à partir de 2008. Par la suite, la Maison a été restaurée entre 2010 et 2012, année de l’ouverture du musée qui célèbre ses 10 ans en 2022.