Juliana Zerda
La Colombie, ce pays d’Amérique du Sud baigné par deux océans, représente la nation avec un des écosystèmes les plus riches du monde sur le plan de la faune et de la flore, parce qu’elle est issue d’un climat tropical lui permettant de faire pousser “le meilleur café du monde”. Ce beau pays, fort de ces 40 millions d’habitants, est l’image même de gens passionnés, heureux, joyeux et courageux, qui nous a offert comme cadeau une femme exceptionnelle, une femme qui représente courage et ténacité parmi les femmes colombiennes.
Notre voisine, Jenny Rincon, est la responsable du service de garde de l’École des Marguerites. Nous la repérons dans son bureau et, plus tard, dans les couloirs de l’école… toujours en train de créer, d’inventer, d’appuyer les membres de son équipe, ceux de la direction et les enfants de l’école.
Son histoire est marquée par la détermination qui lui a permis de remporter le Prix annuel MANA (la Maison d’accueil des nouveaux arrivants) lors du mois de l’héritage latino-américain. Ce prix souligne le parcours inspirant de Jenny, qui est complémenté par le certificat de distinction pour l’excellence dans son processus d’immigration, donné par l’Assemblée nationale du Québec des mains de notre députée, Mme Isabelle Melançon.
Jenny est arrivée en 2006 avec son mari et un bébé de huit mois. « J’ai pris la décision d’immigrer au Québec dans l’objectif de trouver une meilleure qualité de vie… Mon mari m’a suivi. »
En Colombie, Jenny, qui détient une BAC en Design industriel, a présenté un parcours exceptionnel comme entrepreneure, puisqu’elle a fondé une entreprise d’organisation d’événements cumulant plus de 10 ans d’expérience.
En arrivant ici, elle a pris sa décision de rester tandis que son mari hésitait encore, car ils laissaient une vie “commode” en Colombie, comme plusieurs immigrants. « Là-bas, ils étaient quelqu’un… ici, ils n’étaient plus personne. » Ils ont dû se rebâtir, se reconstruire.
Jenny parlait le français, elle se donnait à ses enfants ; un deuxième bébé s’est ajouté peu de temps après. Tandis que son mari s’est concentré à apprendre le français et cumuler des acquis et des expériences dans le but de retourner en Colombie. Mais pour Jenny, la décision avait été prise depuis le moment de son atterrissage à l’aéroport de Montréal. Avec patience et courage, elle a bâti une famille solide, elle a trouvé un plaisir merveilleux dans le rôle de maman et a évidemment appuyé le processus entrepris par son mari.
« Quand le temps est arrivé, durant notre cérémonie de citoyenneté, alors que nous « chantions le Ô Canada’’, je lui ai posé la question : « Alors, on rentre quand en Colombie ?’’ C’est à ce moment-là qu’il m’a dit : « Non. On reste ici !’’. »

Durant le processus, les enfants ont grandi et Jenny a commencé à se poser des questions à propos de sa vie professionnelle. Trois années venaient de se passer depuis son arrivée et Jenny paraissait loin, très loin, de sa vie d’antan. Quel chemin pourrais-je prendre, se demanda-t-elle ? En tentant d’obtenir une équivalence de son titre de designer industriel ? De mettre à profit son expérience dans l’événementiel ? Que faire ? Son cœur cherchait une activité qui lui permettait d’équilibrer son existence avec sa famille et dans les bases mêmes de son travail. En bout de ligne, c’est la recherche de sa qualité de vie qui en dépendrait. Et c’est cela qui avait déclenché son idée d’immigrer.
La vie lui présentait un autre chemin, au moment où elle avait accepté l’occasion de travailler une heure par jour comme surveillante des dîneurs à l’école primaire de l’Île-des-Sœurs. Une heure, ça lui semblait correct pour se remettre dans un mode de travail, et ce n’est pas très long, pour une activité temporelle… Oh surprise ! Jenny a commencé à adorer son implication, a accepté de faire des remplacements et plus encore… Jusqu’à ce qu’une place se libère comme enseignante. Elle l’a pris !
Avec son groupe du service de garde, Jenny a commencé à créer, inventer, à proposer de nouvelles façons de faire. Elle mettrait en pratique son expérience en design industriel, si bien qu’elle puisse trouver un moyen de trouver un réel potentiel en y ajoutant ses propres compétences. De manière étonnante, Jenny se découvre un autre talent, une autre passion, celui de l’éducation.
Son professionnalisme l’a amené à ajouter de nouvelles formations personnelles et professionnelles, à saisir des occasions nouvelles, jusqu’au moment où elle s’est faite offrir le poste qu’elle occupe actuellement. Jenny se sent désormais accomplie, elle peut mettre en pratique son expérience, elle peut aider les familles, les enfants. Elle profite d’un équilibre qui lui permet de trouver sa nouvelle qualité de vie.
Chaque processus d’immigration est différent en soi. Celui de Jenny est marqué par le courage, la détermination et la capacité de toujours se réinventer, de se donner la chance de découvrir de nouveaux talents cachés.
Je vous invite à saluer Jenny Rincon. De l’encourager et lui dire à quel point des personnes comme elle font progresser notre communauté, notre environnement… Merci Jenny d’être notre voisine venue d’ailleurs. Une voisine venue pour rester !