Texte de Marek Zielinski
Recherche de Luz Garcia de Zielinski
Niunia, c’est du charme incarné sur quatre pattes. Comme le dit mon épouse : elle est cute, et elle le sait ! Elle ne passe pas inaperçue et est devenue la mascotte de notre voisinage en un rien de temps. Si Niunia brise la glace, c’est Ela, sa maman, qui instaure la chaleur humaine. Ce duo-là est irrésistible ! Niunia est un magnifique mélange de corgi avec un berger lapponien au pelage épais qui la rend pratiquement insensible au froid. Un regard tendre, qui révèle néanmoins un côté espiègle, conquiert tous les cœurs.
D’une communauté à l’autre
Toutes les deux établies à Verdun depuis un an et demi, Niunia et Ela sont arrivées après un séjour de cinq ans à Varsovie, en Pologne, le pays natal d’Ela Klimczak. Le coup de foudre est immédiat, et cet amour ne fait que croître avec le temps. « Vivre à Verdun offre à la fois une nature splendide et l’accès aux activités culturelles diverses de qualité, mais c’est surtout sa communauté qui m’a séduite », souligne Ela. Après avoir passé près de 13 ans comme travailleuse sociale, une vraie vocation pour elle, dans le Nord du Québec, dans le Kuujjuaq, avec un peuple tricoté serré qui doit sa survie à son sens de la communauté, Ela retrouve la même solidarité ici, dans la microsociété verdunoise de plus en plus hétérogène.
Direction : le Nord!
Fraîchement diplômée de McGill, Ela et son chat Marshy débutent leur aventure nordique en 2003, en embarquant sur un vol de Fresh Air, direction Nunavik. Un contrat de six mois avec le Département de la protection de la jeunesse en poche, Ela s’installe dans une petite maison bleue qu’elle partage avec deux autres colocataires. L’une d’elles possède aussi un chat, mais le courant ne passe pas entre les deux félins et leurs maîtresses respectives passent leur temps à les sauver l’un de l’autre ! La ville ne comptait à l’époque que 2000 habitants, et le tour de lieu est vite fait. Restent alors les alentours, d’une beauté inégalée. Ela marche des heures et des heures, prenant parfois, bien qu’inconsciemment, des risques considérables, comme traverser en hiver la rivière Koksoak, qui borde le Kuujjuaq.
Une expérience qui transforme une vie





En touriste en 2025 !
À la fin de son contrat, Ela décroche un poste dans le Département de la planification et de la programmation de la Régie régionale de la santé et des services sociaux de Nunavik. La perte de sa clientèle est un coup dur, mais elle tient à demeurer dans le Nord. Les 13 années qui suivent sont marquées par plusieurs projets impliquant les aînés, les malentendants, la formation pour les aides locaux en soins de santé à domicile et celui qui lui tient le plus à cœur : une conférence de trois jours, à laquelle ont assisté les représentants de 14 communautés, suivi d’un atelier de six jours offert aux gens de Kuujjuaq sur le thème de la guérison et de la réhabilitation. L’événement a été présidé par Jane Middleton Moz, une sommité mondiale en traitement de trauma et des abus sexuels. Ela considère cette expérience comme sa plus profonde immersion dans la réalité inhérente aux communautés du Nord.
Expérience d’une vie
« Vivre et travailler dans le Nord du Québec, auprès de la population Inuit, a été une expérience qui a transformée ma vie, affirme Ela. Extrêmement gratifiante, avec de nombreux défis – une vraie leçon d’humilité. J’ai pu y rencontrer des gens exceptionnels, pleins de sagesse et de joie malgré les problèmes majeurs : la précarité de logements, le coût élevé de la vie, l’insécurité alimentaire, un réseau de santé limité et l’absence d’établissements scolaires postsecondaires. »
Ela compte bien retourner dans le Nord l’année prochaine, en touriste cette fois-ci, comme elle le souligne. Il s’agira plutôt d’une visite de famille, tant les liens sont encore forts, malgré la distance. Elle y amènera Niunia, son arme secrète qui fera fondre tous les cœurs et pas mal de glace autour.