Un portrait de Marek Zielinski
Recherche de Luz Garcia de Zielinski
Photos de Jack Northon
Gardez la tête haute en marchant, mais regardez aussi sous vos pieds, pour ne pas rater des magnifiques oiseaux peints par l’artiste argentin, établi depuis peu à Verdun, M. Jorge Martinez.
Situés sur la Wellington près de la rue Hickson, les oiseaux sont pour Jorge l’évocation parfaite du changement des saisons dont il a été témoin. « Lorsque j’ai emménagé à Verdun en décembre 2021, en plein hiver, se rappelle-t-il, tout était recouvert de neige, tout était blanc, et avec la venue du printemps et de l’été, l’une des choses qui m’ont le plus surpris est la transformation totale du paysage par la végétation et aussi l’arrivée de beaucoup de nouveaux oiseaux. Ma proposition veut illustrer un peu de cette exubérance et de cette intensité avec lesquelles l’été arrive, et comme oiseau j’ai choisi le carouge à épaulettes, qui est un oiseau migrateur. J’aime comment son noir intense et ses couleurs se démarquent parmi tant de vert ».

Le projet est une initiative du Centre culturel Quai 5160, qui souhaitait évoquer l’ambiance estivale et le fleuve, dont la présence est si importante pour notre arrondissement. Jorge, originaire de l’Argentine, peint depuis plus de 20 ans et a participé aux nombreux projets de l’art urbain. Sur l’un de ces projets, en 2016 en Équateur, il fait la rencontre de sa future épouse, une Montréalaise, avec qui il s’est établi dans notre quartier tout récemment.

« La migration, l’identité et le temps sont des thèmes qui me traversent, nous confie Jorge, et que je travaille depuis un certain temps dans mes œuvres. Au-delà du sujet, je crois que l’art, et surtout le street art, cherche toujours à générer un dialogue avec son environnement ». Nous vivons entourés d’images, mais leur présence n’est pas fortuite : elles nous incitent à la consommation, nous conditionnent, nous imposent souvent une vision du monde mercantile, où tout est échange, une transaction. Une exposition quasi permanente à ce bombardement crée des désirs artificiels, que nous tentons de combler dans une course folle sans fin. Une image affranchie de cette charge, sans aucune idéologie derrière, nous interroge, nous interpelle, nous renvoie à notre humanité. Rien ne se prête mieux à cela que les murs et les rues de nos villes. Verdun compte déjà de nombreuses murales, qui sont comme de fenêtres sur d’autres mondes et réalités, sans autre mandat que de nous questionner sur nous-mêmes.

« Je pense qu’il est important, conclut Jorge, que nous nous arrêtions devant l’art, que nous essayions de regarder ce qui nous arrive devant une œuvre qui cherche à nous faire sentir, à nous aider à mieux nous connaître, à comprendre ce que nous pensons, comment nous pensons et pourquoi, et à partir de là, à savoir ce qu’il faut faire pour rendre les choses un peu meilleures pour tout le monde ».
Nous espérons voir beaucoup d’autres initiatives de ce genre pour faire de Verdun une galerie à ciel ouvert.