Texte Pierre Lussier
Le dramaturge David Fennario est décédé le 16 septembre. Originaire de Pointe-Saint-Charles, l’auteur de la pièce à succès Balconville a vécu une bonne partie de sa vie à Verdun, notamment sur la 2e Avenue et la rue Beatty.
Né dans une famille ouvrière anglophone de la Pointe en 1947, sous le nom de David Wiper, le garçon adoptera plus tard à l’âge adulte un nom d’artiste, David Fennario, un nom inspiré d’une chanson de Bob Dylan qu’il a beaucoup admiré. Entre-temps, le jeune homme exercera différents métiers après avoir quitté l’école.
En 1972, Fennario publie un premier roman sous la forme d’un journal intitulé Sans Parachute, dans lequel il parle abondamment de Verdun, son lieu de résidence.
Fennario a d’autant plus de mérite qu’il est autodidacte. Il n’a pas étudié la littérature dans les grandes universités, mais on lui reconnaît « un réel talent pour l’écriture dramatique », précisait le critique Adrien Gruslin en marge de la pièce On the job, dans Le Devoir du 1er février 1975.
Balconville, la consécration
Balconville est la première pièce bilingue au Canada, le tiers des dialogues en français et les deux tiers en anglais. La pièce illustre les conversations de balcon entre voisins francophones et anglophones à Pointe-Saint-Charles. Créée au théâtre Centaur, la pièce reçoit un accueil enthousiaste de la critique et elle est reprise un peu partout même à l’extérieur du Canada. Le chanteur et comédien Marc Gélinas a interprété le rôle francophone dans la pièce. Avec Balconville, David Fennario est devenu le premier dramaturge en résidence du théâtre Centaur.
Plusieurs documentaires ont été réalisés à propos de David Fennario, notamment par le cinéaste Martin Duckworth, qui nous a révélé l’engagement social du dramaturge.

Fennario, le militant
Par son militantisme politique, David Fennario a beaucoup en commun avec la syndicaliste Léa Roback, dont il a les mêmes préoccupations de justice sociale et de solidarité. Fennario et Roback partagent également une certaine marginalité dans le Québec des années ‘60 malgré la Révolution tranquille en cours à l’époque.
Successivement candidat de l’Union des forces progressistes en 2003 et de Québec solidaire en 2007, David Fennario restera fidèle à ses convictions socialistes malgré la maladie qui le confine dans un fauteuil roulant pendant plusieurs années.
Fennario méconnu des Verdunois
Dans un bref communiqué, Tom, le fils du dramaturge, souligne que son père « a défié la science médicale pour arriver jusqu’ici », résistant beaucoup plus longtemps que prévu au syndrome de Guillain-Barré. Tom décrit son père comme « un écrivain et un activiste qui s’en est bien sorti pour un enfant punk ».
Et comme nous le rappelle dans un roman, l’ancien directeur du défunt quotidien Montreal Star, Hugh MacLennan, les communautés francophone et anglophone sont comme deux solitudes qui s’ignorent l’une et l’autre, d’où peut-être le peu de réactions des médias francophones au décès de Fennario, tout de même rapporté dans Le Devoir et La Presse.
En terminant, Explore Verdun IDS offre ses plus sincères condoléances à la famille, dont l’épouse du dramaturge Élizabeth Johansen et ses deux fils, mais également aux nombreux amis de David Fennario.