Une entrevue avec l’as-graphiste Michel Cusson, qui relève avec l’index d’un maître, le défi de la Revue d’Explore
Par Marek Zielinski
Recherche de Luz Garcia de Zielinski
Les lecteurs assidus d’Explore Verdun-ÎDS ont certainement remarqué un changement majeur dans la conception et la présentation graphique de notre revue, il y a un peu plus de six mois. Ce changement correspond à l’arrivée de Michel Cusson comme graphiste, qui s’est donné comme défi de créer un cadre visuel simple et sophistiqué à la fois. Un coup d’œil permet de constater que ce défi a été remporté haut la main. La main experte, il faut la souligner.
De l’importance du regard
Less is more – voilà un anglicisme dont on aimerait se passer – semble être la devise de Michel. Le regard du lecteur est capté dès la couverture et guidé à travers les nombreuses pages de la revue. Sous les doigts magiques de Michel, les pages s’alignent avec une grande lisibilité, en équilibre parfait entre le texte et l’image. L’accroche visuelle d’un article est comme une porte : elle ne dévoile rien, mais reste entrouverte pour nous donner envie d’entrer. À chaque édition de notre revue, je suis séduit par la capacité de Michel à conceptualiser le thème du texte.
Une image à l’épreuve du temps
« Je suis un artiste dans l’âme, avoue Michel. J’ai été photographe-pigiste avant d’être à l’emploi de La Presse (de 2000 à 2018) en tant que graphiste pour développer dans un premier temps le site de nouvelles Cyberpresse, devenu lapresse.ca, et ensuite pour illustrer et développer des concepts graphiques destinés aux pages de la section Débats de La Presse+. »
Dans sa pratique de la photo, Michel a été confronté aux changements majeurs au niveau de la technique, allant du support aux caméras. Désormais, la chambre noire n’est plus ce lieu quasi sacré où la magie opère. Le passage au numérique ne s’est pas fait sans heurts ni résistance – Michel a dû faire montre de patience et d’ouverture d’esprit pour pleinement épouser la photo digitale. Mieux, il en a été l’un des pionniers. Il a vécu le même défi avec l’avènement de l’internet, cet espace immense qui engloutit tout sans discernement. Michel se rappelle, en gonflant un peu sa poitrine, de ses débuts sur le web, quand son site était parmi les premiers au Québec, lui valant une certaine notoriété (entrevues à la télé et dans la presse, même celle de l’autre côté de l’Atlantique).
Malgré les changements, malgré les défis, les remises en cause, la passion de la photo ne s’est jamais démentie. La dernière page d’Explore Verdun/IDS en témoigne chaque semaine, laissant sur la rétine des lecteurs une image qui y reste gravée longtemps après avoir fermé la revue.
Et Verdun dans tout ça ?
Michel et Verdun, c’est une longue histoire qui remonte à son enfance. Une histoire loin d’être finie, car il y demeure toujours, près du fleuve et de ses berges qu’il foule quotidiennement durant son entraînement. Courir à Verdun combine ses deux grands amours. Chaque pas ouvre un horizon nouveau, chaque arbre raconte son histoire, chaque maison murmure la sienne… Et que dire des visages, ces livres ouverts vers l’intérieur. Michel regarde, Michel contemple. La clé pour capter une image nécessaire, un adjectif qui prend toute son importance face à la cacophonie visuelle qui nous entoure, est le temps. Il en faut du temps, paradoxalement, pour figer une scène, un objet, un corps. L’image immobile n’est pas la négation du temps, elle en est l’essence. Être photographe, c’est être un peu philosophe.
Les images nous accompagnent au quotidien. Elles nous réconfortent, nous choquent parfois, nous font réfléchir, réagir. Leur pouvoir est incontestable, par le simple fait que nos premières pensées, dans notre enfance, se faisaient en images, avant la parole. À la prochaine lecture de notre revue, prenez quelques secondes de plus que d’habitude pour bien observer les images, analysez leur composition, ce qui est dans le cadre et ce qui est en dehors ! Vous y trouverez sûrement un peu de vous-même.
Pour découvrir Michel le marathonien :