Je vous invite pour un voyage particulier , soit me suivre dans.. le TEMPS.
En effet je pense que bon nombre d’entre vous connaissent et suivent l’émission « Les enfants de la télé » qui nous présente les souvenirs d’antan, de personnalités depuis l’arrivée de la télévision.
Cette émission est diffusée tant au Québec qu’en France, et comme je suis originaire de France je vais repartir dans le temps de mon enfance parisienne.
Ce voyage, intitulé: « les enfants avant la télé », s’il se situe sur un autre continent je suis certaine que dans ces souvenirs, nombreux seront parents et grands parents du Québec ou d’ailleurs qui auront connus et vécus des expériences similaires.
Pour commencer ce récit, je vais emprunter quelques lignes à M. Jean Gabin en expliquant qu’à l’aube des 70 coups qui vont sonner à l’horloge, je suis encore à ma fenêtre, je regarde, je m’interroge et j’éprouve un besoin viscéral de me replonger dans mon enfance?
Ce nouveau récit n’est pas uniquement la description de mon enfance personnelle, mais plutôt celle de l’environnement dans lequel nous vivions notre enfance entre les années 50 et 60.
Je voudrais vous expliquer comment nous vivions heureux dans cette enfance sans : la télévision, les cellulaires, les ordinateurs, les Smartphones, les I phones, les drones, les robots, etc.,
Une enfance où l’an 2000 était encore de la science-fiction et faisait les beaux jours des bandes dessinées.
1ère partie à PARIS
Prenez le train de la vie avec moi et tranquillement je vais vous présenter les années d’antan celles du Paris de mon enfance et de mon adolescence, plus particulièrement dans mon quartier : les Batignolles.
Le train de la vie fera également un petit détour par la campagne à Mirgaudon, village proche de Paris, où mes parents avaient acheté une maison de campagne qui me permit de découvrir la vraie vie.
Paris était alors un environnement de vie où nous vivions dans l’insouciance, dans un quotidien où les tentations et les dangers pour les enfants étaient moindres.
À Paris, pendant toutes ces années, nos seules évasions d’enfants étaient : la rue, les squares, la radio, les cinémas et les jeux d’extérieur, sans oublier l’imaginaire.
Celui où nous pouvions nous lancer dans une course folle avec les petits chevaux à pédales, appelés de nos jours les petits sulkys, ou tout simplement faire des tours de manège sur le Carrousel, des tours de balançoires ou de jouer dans les bacs à sable.
Le square des Batignolles offrait aussi une activité extérieure chaque fin de semaine, le théâtre des marionnettes avec un invité de marque, d’origine lyonnaise, Guignol et ses compères.
Et chaque dimanche nos parents nous accompagnaient crier à tue tête « Guignol, Guignol » ou « attention au gendarme » ou des « oui » ou « non » à ses questions, avec des montées d’adrénaline exceptionnelles, tellement nous nous investissions à protéger Guignol du vilain gendarme.
Dans les premières années de mon enfance, j’ai eu le privilège de découvrir des métiers disparus aujourd’hui, et de vivre des situations dont mes enfants n’ont jamais pu avoir connaissance.
C’est ainsi que j’ai pu connaître :
– Le livreur de pain de glace, dont le travail consistait à livrer, aux commerçants avec des denrées fraîches, la glace, en blocs ou pains, pour les glacières, ce qui leur permettait de garder leurs produits frais une journée, voire plus, puisque les réfrigérateurs, communément appelés frigidaires, ne commencèrent à se généraliser que vers la fin des années 50. Ce livreur de pains de glace, que nous appelions le « Capitaine crochet » puisqu’il attrapait les blocs de glace avec un crochet en les faisant glisser, se déplaçait avec une charrette conduite par un cheval.
Cheval, que nous caressions et auquel nous donnions un morceau de pain, bien à plat dans notre paume de main, et qui laissait toujours des petits souvenirs bruns et odorants, qu’il semait tranquillement tout le long de son parcours.
– Le livreur de charbon, au visage toujours assombri par la poussière de charbon et qui se déplaçait en camion. Il portait les sacs de charbon, un par un selon la commande, sur son épaule, se protégeant la tête et le dos avec un sac vide de charbon.
– Le vitrier qui portait son matériel sur le dos, et se déplaçait dans les rues en criant : vitrier, vitrier, pour informer la population de son arrivée.
– Le rémouleur ou aiguiseur de couteaux qui prévenait le voisinage de son arrivée en secouant une clochette et criait : affuteur, tout pour vos couteaux et ciseaux.
– Le ramoneur et son outillage qui, le bonnet à la place d’une casquette, ressemblait en tous points au ramoneur de Mary Poppins et proposait ses services de ramonage.
Il ne faut pas perdre de vue que, dans le Paris des années 50/60, bon nombre d’appartements étaient encore chauffés par des poêles à bois ou des cuisinières à charbon.
Ce souvenir entraîne, obligatoirement, ma mémoire à vous parler des « bougnats ».
Les bougnats, pour la plupart appelés en ce temps-là « immigrants originaires d’Auvergne » étaient des commerçants tenant des cafés-buvettes, voire bistrots, spécialisés en vente de bois et charbon, boulets de différents calibres.
Nous avions aussi le plaisir des chanteurs de rue, s’accompagnant à l’accordéon ou à l’orgue de barbarie, qui après nous avoir offert quelques morceaux sur Paris de : « Milord » de Piaf, « comme un p’tit coquelicot » de Mouloudji, « la complainte de la Butte » de Cora Vaucaire et le fameux « Pigalle » de Georges Ulmer, nous criaient « à votre bon cœur mesdames, merci » espérant recevoir ou voir tomber des étages supérieurs, enveloppée dans un bout de journal, une petite pièce pour les récompenser.
En nous promenant sur le boulevard de Clichy, vers Pigalle, nous pouvions aussi voire complètement ébahis :
– Le dresseur d’ours, et son petit singe sur l’épaule qui faisait la quête dans un chapeau après le spectacle.
– Le cracheur de feu qui m’impressionnait tellement.
– Les avaleurs de sabres que je n’aimais pas vraiment.
Et enfin, pour le 14 Juillet, dans de nombreux bistrots des quartiers de Paris, s’installaient aux terrasses des accordéonistes qui nous faisaient danser jusqu’au petit matin.
À cette époque les écoles étaient loin d’être mixtes. Il y avait, en principe, accotées l’école de filles et l’école des garçons où seule une porte vitrée, par étage et munie d’un rideau très épais, nous séparait. Ce qui permettait aux plus hardis de se glisser des mots doux sous la porte.
L’enseignement général en primaire ressemblait, il me semble, à celui enseigné actuellement. Mais peut-être avions-nous des matières supplémentaires, obligatoires, indispensables et souvent, disparues aujourd’hui, telles : Morale et instruction civique, gymnastique, travaux manuels pour les garçons et enseignement ménager (couture et cuisine) pour les filles, dessin et musique.
En musique, la maîtresse se déplaçait, avec son petit piano portatif, de classe en classe, pour nous apprendre le solfège mais aussi des chansons reprises en chorale, telles « Douce France » de Charles Trenet, « l’eau vive » « la rose et le lilas » de Guy Béart, et surtout « la Marseillaise » chanson à connaître obligatoirement pour passer le 1er niveau de diplômes: le Certificat d’Études.
Il y avait aussi des récompenses, soit la « petite carotte » qui nous rendait souvent plus studieux et nous faisait avancer dans nos programmes.
Je m’explique, les premières années du primaire en lecture, français et calcul, si nous avions de bons résultats, nous recevions des bons points d’une valeur de 1 point. À chaque 10 bons points accumulés nous recevions une image, et aux 10 images nous avions le billet de satisfaction.
Chaque semaine tournait aussi, par classe, la médaille du mérite scolaire. Là les résultats scolaires et la discipline étaient les enjeux pour obtenir cette croix, que j’ai reçue quelques fois.
Pour finaliser l’escalade des récompenses, lors de la fête de fin d’année, où après les chants de la chorale, les ballets de danses organisés par les maîtresses il y avait distribution des prix, soit des livres, par catégories de matières et par mentions : Encouragement, assez-bien, bien, très bien et excellent. Certaines écoles offraient même un livret d’épargne, avec une somme modeste, pour celui ou celle qui avait obtenu le plus de meilleurs prix. Ce que j’eus lors de ma scolarité de CM1 ou 4è année pour le Qc.
Puis vint le collège ou secondaire, où les récompenses disparaissaient, mais où les obligations et interdictions devenaient plus nombreuses et plus sévères :
– Porter une blouse, de couleur beige pour mon collège.
– Dans chaque classe à l’entrée ou à la sortie d’une enseignante, de la directrice ou d’un adulte, nous devions nous lever pour saluer la personne.
– Pas de chaussures à talons.
– Pas de maquillage.
– Pas de vernis aux ongles.
– Pas de coiffure avec cheveux crêpés.
– Aucun retard, aucun devoir non fini, aucune leçon ou récitation non apprises, etc.
L’un de ces manquements au règlement donnait immédiatement lieu à un avertissement, avec des heures de colle et un mot inscrit sur le carnet de correspondance, à faire signer par au moins l’un des parents.
Au bout de 3 avertissements, exclusion de quelques jours.
Quand on regarde ces règles aujourd’hui, j’imagine que bon nombre de parents et d’enfants doivent crier au scandale et à la dictature.
Mais à bien y réfléchir dans ces écoles, à la discipline peut-être un peu conservatrice, il n’y avait aucune violence verbale ou physique, aucun harcèlement tant envers les élèves entre eux, qu’ envers le personnel enseignant. Les parents étaient en grande partie présents et solidaires des enseignant(e)s, avec un maximum de communication, ce qui imposait aux élèves de témoigner un plus grand respect envers l’adulte, mais aussi entre eux.
Bien qu’il n’y eut ni télévision, ni skateboard, ni consoles de jeux virtuels de simulation et encore moins de téléphones portables dits intelligents, nous arrivions avec beaucoup d’imagination à jouer des heures entières et occuper nos loisirs sans ennui.
L’activité la plus développée : la lecture
Une des premières activités privilégiées passait par les livres.
Non, pas la série des Harry Potter, mais les séries, selon les âges, telles que :
– Bibliothèque « rose ou verte » avec les aventures du « club des cinq »
– Bibliothèque « rouge et or » avec ses classiques comme « la Comtesse de Ségur » « les malheurs de Sophie » « Robin des bois » « Robinson Crusoé » « les contes de Perrault », etc.
– San Antonio plus les plus hardis et plus âgés, avec ses enquêtes policières.
Mais nous attendions aussi chaque semaine la sortie des derniers périodiques de bandes dessinées, tels : Mickey qui nous snobait avec ses pilules pour repas, Picsou qui n’avait pas besoin de paradis fiscaux, Tintin qui était encore dans la science-fiction avec son voyage sur la lune, dont le vrai, le premier eu lieu en 1966 avec Neil Amstrong, Pilote, LILI l’espiègle, Arthur & Zoé, Pim-Pam-Poum, Tartine Mariolle, les aventures de Popeye & Olive, le trappeur « Blek le Rock », etc, etc.. Ouf, je les lisais tous parce que ces lectures nous permettaient de nous évader en poursuivant les histoires avec notre propre imagination.
Une autre activité souvent familiale : la radio
Chaque famille avait sa radio préférée, selon ses intérêts avec ses animateurs fétiches.
Nous avions déjà notre « Petite vie » radiophonique, avec la famille Duraton, le feuilleton quotidien du soir. Cinq bonnes minutes avant les informations de 20h, qui se passait toujours en famille au moment du repas.
Nous écoutions également des séries radiophoniques, quotidiennes, telles :
– Sur le banc : Le quotidien de deux clochards parisiens qui se retrouvent chaque midi sur leur banc pour discuter.
-Ça va bouillir : Les aventures d’un reporter aventurier qui traquait l’espion Kurt Von Straffenberg, surnommé Le Tonneau.
– Le crochet radiophonique qui était l’ancêtre de « la Voix » une émission où des chanteur/ses anonymes venaient tenter leur chance. Et selon leur réussite ils pouvaient revenir semaine après semaine avec, peut-être au bout du jeu, la chance d’intéresser un impresario.
C’est ainsi que débuta, à Avignon, notre Mireille Mathieu nationale.
La publicité était radiophonique
Comme, maintenant avec la télévision, pendant toutes ces émissions, nous avions droit aux publicités radiophoniques, souvent musicales, dont certaines me restent en mémoire :
– Dop, dop dop adoptez le shampoing dop
– La Boldoflorine, la Boldoflorine la bonne tisane pour le foie
– La lessive Bonux avec ses petits cadeaux cachés dans la boîte, dont l’impatience nous obligeait à l’ouvrir vite et y plonger nos doigts pour trouver le trésor.
Avec les années les jeux se remplaçaient souvent par le cinéma et les spectacles.
Le cinéma fut, grâce à la générosité et l’intelligence de mon Papa, l’activité primordiale de mon enfance, celle qui me permit de fuir une adolescence parfois difficile à traverser.
Les cinémas de mon quartier étaient au nombre de 13 cinémas, ce qui me permettait d’y aller, assez souvent, deux fois par semaine, chacun ayant son style de films.
Les séances étaient permanentes, et selon certains cinémas, vous pouviez assister au maximum à 4 séances par jour sans sortir : séance du matin, début d’après-midi, fin d’après-midi et de soirée.
Quand nous arrivions dans la salle, nous étions placés par des dames appelées « ouvreuses » à qui nous donnions un pourboire, pour compléter leur maigre salaire.
Si la séance était commencée, elle nous dirigeait dans le noir, vers des sièges avec sa lampe de poche.
Elles avaient aussi comme charge de nous gronder si nous faisions trop de bruit, mais surtout de nous vendre esquimaux, bonbons et chocolats à l’entracte, sucreries qu’elle portait dans un panier en osier, devant son ventre, accroché par une sangle à son cou.
Ce sera avec le cinéma que je terminerai les parcours de l’enfance parisienne.
Le train de la vie, avec sa machine à remonter le temps, va se déplacer vers la campagne et vous faire partager ma découverte de ce qu’était la campagne dans mon enfance.