Par Michel Allard
Verdunoise depuis 2014, Lou Lemelin a créé récemment une bande dessinée très touchante. Je ne pouvais faire autrement que de vous en parler. Surtout qu’elle participe au Festival de BD de Montréal qui se tient à la fin mai. Mais surtout que son œuvre est disponible à la Librairie de Verdun.
Le titre de la BD Tamalou Omalou intrigue. La grande question posée : qu’est-ce qu’on laisse derrière soi au terme de notre vie ?
Une BD lumineuse s’offre à nous. Les deux couleurs utilisées, le blanc pour les dessins et l’écriture, ainsi que le turquoise pour tout le reste, nous donne un « mood » contextuel parfait, selon Lou. Cette humeur nous fait flotter comme sur un lac calme, tout le long de la BD, malgré les remous et les tourbillons de la vie qui y sont relatés et illustrés.
On sent ses angoisses et questionnements vécus de la petite enfance à la vieillesse.
Elle me confie qu’elle a toujours été en forme. Par exemple, elle allait travailler en vélo à longueur d’année. Mais, atteinte depuis quelques années par ce qu’elle décrit comme un « tsunami » de problèmes de santé, elle a dû réorienter sa réflexion. Elle a pris conscience de l’importance et de la place que prennent dans sa vie les gens qui l’entourent, en particulier son amoureux, ses enfants et petits-enfants.
Pour la conclusion de ce livre autopublié, la bédéiste Lou Lemelin a été inspirée par une série d’étoiles filantes un soir où elle se trouvait dans Charlevoix. Je ne vous en dirai pas plus, mais vous devinez que la lecture de cette BD m’a profondément ému (lire : j’ai eu des larmes).
Alors, comment est-elle venue à la BD ? Cette question me brûlait les lèvres. Elle le résume très bien à la fin de son œuvre : « Lou Lemelin s’est mise à la bande dessinée après avoir longtemps raconté des histoires comme réalisatrice de grands reportages et de documentaires. » En effet, la majeure partie de sa carrière s’est déroulée chez Radio-Canada (francophone et anglophone).
Lorsque sa santé ne lui permettait plus ses nombreux voyages, dans le grand-nord, en Amérique du Sud, parfois même dans des pays en guerre, ses horaires de travail fous, l’insuffisance de son énergie pour piloter des réalisations télévisuelles, etc., elle a décidé de mettre sa créativité au service de son goût pour les arts visuels et le « storytelling ». Ceci, tout en tenant compte de ses habiletés manuelles et son énergie, réduites par sa condition.
S’engager dans la production de BD comporte plusieurs avantages et beaucoup de liberté. On peut y travailler seule (pas de grosse équipe à diriger), on peut moduler le temps et l’effort qu’on y met, etc.
Aujourd’hui, on peut se procurer des tablettes informatiques et des applications simples et performantes. Après avoir appris à utiliser ces outils, elle a suivi des cours-ateliers avec le fameux bédéiste de Montréal, Jimmy Beaulieu, pour mieux connaître cet art, son histoire et ses techniques. Jimmy a, entre autres, inspiré Lou à s’éloigner du format usuel des cases en BD qu’elle trouvait contraignante.
Lou a donc pu créer avec beaucoup plus de liberté. Elle appelle sa façon de créer de « l’autofiction ». Ses talents de scénarisation et de « storytelling » s’éclatent. C’est de la fiction basée sur sa vie et son expérience, traduite par des traits et des mots simples.
Merci, Lou Lemelin. « Tamalou Omalou » nous parle à tous.
P.S. Si ça vous intéresse de rencontrer Lou Lemelin avec sa BD « Tamalou Omalou », rendez-vous au Festival de BD de Montréal qui se tiendra du 27 au 29 mai inclusivement, sur la rue Saint-Denis, entre les rues Gilford et Roy. Vous la trouverez à la table D75. N’hésitez pas à visiter le site internet du Festival BD Montréal pour plus de renseignements.
Cette BD de Lou Lemelin est disponible chez à La Librairie de Verdun.