Ce dimanche, la Journée sans voiture offre l’occasion de réfléchir sur notre rapport avec les véhicules, mais aussi, par extension, avec la vitesse et notre mobilité.
Texte Marek Zielinski
Recherche Luz Garcia de Zielinski
La Well a rouvert ses bras aux voitures, au grand dam des uns et au bonheur des autres. En ma qualité de piéton depuis plus de sept ans, je me sens au diapason avec les premiers. Marcher au milieu de la chaussée change tout : la perspective même de la rue tout d’abord, faisant ressortir une harmonie nouvelle entre la hauteur des maisons et la largeur de la rue ; puis ma place comme habitant de l’espace urbain, me redonnant finalement ce qui me revient de droit. Ce sont les gens qui font des villes, pas les chars.
Deux roues me suffisent
Ce dimanche 17 septembre, la Journée sans voiture offre une belle occasion pour réfléchir sur notre rapport avec les véhicules, mais aussi, par extension, avec la vitesse et notre mobilité. Une voiture permet d’aller plus loin et surtout plus vite, c’est incontestable. Certains prétendent que notre civilisation occidentale moderne s’est bâtie grâce et autour de la voiture, tout comme les précédentes l’ont fait grâce aux chevaux, par exemple. Il n’y a pas si longtemps, acquérir son permis de conduire était pratiquement un passage nécessaire vers une vie d’adulte. Un monde de liberté s’ouvrait – un monde de séduction également. Combien de filles ont été séduites par un char élégant et son conducteur tout aussi charmant ; combien d’enfants ont été conçus sur la banquette arrière d’une Ford, Chevrolet ou Pontiac ?
Aujourd’hui, le mythe de la voiture comme mesure de la réussite sociale a pris un sacré coup. Et tant mieux, je serai enclin à le dire. Elle est devenue le mal nécessaire au mieux, si on ne peut faire autrement, surtout en ville, qui offre d’autres options pour les déplacements.
Sortir de la frénésie de la vitesse
Sans la voiture, nous pouvons enfin ralentir un peu le rythme effréné de la vie. Il est plus difficile de sentir la rose ou caresser un chat en voiture qu’à pied, ou en vélo. Dans mon entourage, parmi les journalistes de notre revue, il y a des adeptes de longue date de la bicyclette, à commencer par le bien nommé Véloman, notre rédacteur en chef, Yves. Un autre de mes collègues, Michel, préfère chausser les semelles en caoutchouc pour faire de la course à pied que d’user les pneus de son char pour se déplacer en ville. La lenteur a un avenir lumineux devant elle ; la vie n’est pas un jeu vidéo où la vitesse est un gage de survie.
Sans la voiture, la ville peut prendre des formes différentes. Une rue, comme Wellington, peut changer de vocation : d’un axe routier, elle peut devenir un immense salon de rencontres, avec ses bancs-balançoires ou ses mini-jardins pour prendre son café. Le meilleur reste à inventer, prenons donc le temps, découvrons notre coin de monde, à pied ou en vélo, et sa beauté cachée nous sera révélée.