Par Marek Zielinski
Recherche de Luz Garcia de Zielinski
Il y a des luttes qui semblent être sans fin. Comme la ligne de l’horizon, à chaque pas, à chaque avancée, elles s’éloignent autant. L’illusion de piétiner sur place s’installe – autant s’arrêter et s’asseoir sur les lauriers. Les droits de l’Homme entrent dans cette catégorie : nous les connaissons tous, nous y souscrivons tous, mais leur violation se porte bien, de mieux en mieux même, selon certains.
Un peu plus de carotte
Le 10 décembre, nous célébrons la Journée mondiale des droits de l’Homme – une belle occasion pour jeter un regard derrière sur le chemin parcouru, et un autre devant pour savoir où nous allons. L’illusion de ne pas avancer semble légitime, à première vue. Il y a encore des endroits et des situations où ces droits, si fondamentaux, si évidents, sont niés. La jeunesse s’impatiente, réclame des têtes, déboulonne des statues, fait table rase des accomplissements qui lui paraissent insignifiants. Bonne nouvelle : cela prouve que leurs antennes sont en état d’alerte, que leur intransigeance intacte, incorruptible et, surtout, que le niveau de notre tolérance, comme société, face aux abus de nos droits fondamentaux est plus bas qu’auparavant. Le progrès s’est accompli, c’est indéniable. Il faut s’en réjouir, même péter quelques bretelles, pourquoi pas, puis retrousser les manches et continuer. La réponse est dans l’action, dans le geste concret de tous les jours, dans son milieu de travail, dans son voisinage. Ne pas la fermer en présence d’un abus, user de tout pouvoir en notre disposition pour sanctionner et modifier les comportements inacceptables – voici comment se définit l’héroïsme à notre époque.
La Coupe du monde aux lèvres
La question des droits de l’Homme revient cycliquement, à l’occasion d’un événement ou d’un incident. La Coupe du monde de soccer qui nous passionne en ce moment (vraiment ? Poser la question c’est d’y répondre) a révélé certains pratiques qu’on croyait révolues à notre époque : l’esclavagisme existe encore et se porte plutôt bien ! Il a changé de forme, s’est drapé dans des habits neufs et peut même passer pour un échange commercial bénéfique à toutes les parties participantes. La globalisation se répand, les biens et les capitaux circulent plus librement, mais les idées aussi. Aucun pays ne peut fonctionner aujourd’hui dans l’isolement total, il doit trouver sa place dans la chorale des nations, offrant par le fait même un levier à tous ceux qui luttent pour les droits humains. La Coupe du monde en est l’exemple parfait : une vaste entreprise d’autopromotion qui oblige le pays-hôte à s’ouvrir sur d’autres cultures (parfois péniblement, à contrecœur) et l’expose aux critiques et pressions du monde. Les changements suivront. Rapides ou lents, espérons qu’ils seront constants.