
Texte: Jean-Guy Marceau
J’avais inscrit ce rendez-vous à mon agenda depuis janvier. Un prénom : Marie-Louise. La vie, souvent, nous fait de ces cadeaux, Marie-Louise en est un beau.
J’arrive avant elle, à la terrasse d’un resto sur la Well, il fait trop froid j’entre, une journée d’automne en plein printemps. Je ne sais jamais comment je la retrouve. Une boite à surprises, une boite à bonheur. A chaque fois c’est magique. Cette femme a le don de me transmettre une grande énergie. Elle recharge mes piles de sa seule présence. Avec tout ce qui nous tombe dessus, un peu d’optimisme me fera un grand bien.
Je salue deux ou trois personnes, des habitués du bistro, nous parlons de tout et de rien, de politique et de l’homme orange qui bouscule la planète.
Elle entre, fraîche comme un melon d’eau. Son sourire, déjà, donne le ton à notre rencontre. Avec Marilou (sur surnom) ça va de tous les côtés. On parle à cent milles à l’heure. Puis on se calme un peu. Nos rires se mêlent au tintamarre des tables voisines. Le petit café verdunois est bondé et dans l’air du temps flotte comme une odeur de muguet et de café, ou est-ce simplement le parfum de l’amitié qui chatouille ce 22 mai ?
Marilou est une femme de tête. Les gens intelligents sont attirants. Elle possède une belle et bonne vision du monde en général. C’est une artiste dans l’âme qui compose présentement avec un travail qui ne lui ressemble guère. Quelque chose dans le milieu bancaire. Heureusement qu’il y a a le télétravail, ça me permet de m’évader un peu des taux d’intérêt, me lance-t-elle. Ses beaux cheveux frisottés blancs attirent mon regard, le temps d’un moment. Elle possède une bonne oreille et porte sur son environnement un regard réaliste et attendrissant.
Nos discussions nous plongent dans plusieurs univers (comment peut-il en être autrement ?) Elle prétend encore qu’elle est une vieille âme et nous en rions. Quelques silences complices. Elle me parle de ses projets d’écriture et elle devient toute chose, encore plus radieuse, elle vibre et ses yeux sombres s’allument. Marilou me raconte aussi sa vie de mère, de femme et d’amoureuse occasionnelle, pour elle, l’amour n’est pas toujours au rendez-vous.
Elle ravive mon imaginaire, me fait croire à l’impossible, elle possède cette faculté fascinante et singulière de lire l’autre, ça me gêne…un peu.
Attablés confortablement , nous échangeons nos petites histoires drôles et tristes à la fois. Presque timidement , elle nomme les choses et lève le voile sur plusieurs aspects de son intimité, sans trop de pudeur. L’heure est à la confidence, nous oublions la cohue de la Well et nous entrons dans les entiers secrets de notre amitié. L’heure passe et une bouteille de rouge plus tard, nous achevons cette délicieuse escapade et nous nous promettons de recommencer prochainement. Elle me glisse un mot à l’oreille et je souris (c’est un secret). J’ai la chance, je l’avoue , d’avoir des amis (es) adorables et indispensablesqui rendent ma vie plus lumineuse. Quel plaisir de laisser passer le courant de l’amitié, comme un bon massage de l’âme, réconfort et satisfaction garantis.
Je vous souhaite de goûter à ce bonheur. Il est bon de redécouvrir les empreintes indestructibles du temps qui passe à travers les fenêtres entrouvertes de nos amitiés. Un grand ménage intérieur ça vous parle ?