Revue de Presse – Patrice Bergeron, La Presse Canadienne
La Caisse de dépôt et placement du Québec doit venir s’expliquer devant les élus sur le projet de REM de l’Est et les autres phases éventuelles de prolongement du REM.
Le PQ veut notamment savoir si le « modèle d’affaires » de la Caisse sera reconduit tel quel pour le REM de l’Est. Car la Caisse doit faire un profit : elle recevra des redevances de l’État et dégagera un bénéfice pour la phase 1 du REM, qui s’étend dans l’ouest de l’île de Montréal, vers Deux-Montagnes, ainsi qu’en Montérégie.
« La proposition de la Caisse de dépôt sera déposée prochainement, à la suite de ce dépôt il y a des discussions qui sont entamées par l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM), avec le ministère des Finances, le ministère des Transports, des négociations », a dit Mme Rouleau.
Prévu pour desservir la partie est de la métropole, le REM de l’Est suscite la controverse notamment concernant sa configuration projetée, soit un tracé aérien, une voie ferrée dressée sur des pylônes.
« Le temps est venu, en matière de reddition de comptes, de faire asseoir le dirigeant de CDPQ Infra pour pouvoir aller au fond des choses, en raison de l’ampleur des investissements et les impacts que ça va avoir à court, moyen et long terme, a expliqué le député péquiste Joël Arseneau. On parle de contrats à la CDPQ pour 198 ans. On est pieds et mains liés à ce que la CDPQ va vouloir faire au cours des deux prochains siècles. Est-ce qu’on peut en parler devant les élus de l’Assemblée nationale ? »
Le député libéral Enrico Ciccone accepte que la Caisse fasse un rendement sur son investissement, mais exige plus des justifications et de la transparence.
« Si on n’arrive pas au rendement de 8 % qui est garanti pour la Caisse de dépôt, est-ce que c’est encore le citoyen qui va payer ? C’est le gouvernement qui va devoir mettre le manque à gagner dans tout ça. On dirait que c’est arbitraire présentement. On ne sait pas comment on choisit un chiffre de cette façon-là. Au bout du compte, c’est tout le monde qui va payer si on n’arrive pas au rendement du 8 %. »
Selon M. Arseneau, on a donné les clés de la Ville de Montréal à la division infrastructures de la Caisse de dépôt, CDPQ Infra.
« Je ne crois pas qu’il y a un manque de transparence dans ce dossier », a riposté Mme Rouleau.
La ministre a promis un « projet signature » qui sera « respectueux du patrimoine et de l’environnement », à l’image des « infrastructures qui se fondent habilement dans le milieu urbain ».
« On doit se mettre à l’écoute de la population, pas leur imposer un modèle conçu dans les officines de la Caisse de dépôt », a plaidé M. Arseneau.
Avec « un réseau aérien à quelques mètres des balcons des résidants, on risque de miner l’environnement dans lequel ils vivent », a-t-il poursuivi.
Québec solidaire a également dénoncé le manque de transparence concernant le projet et veut entendre les dirigeants de CDPQ Infra en commission parlementaire.
Selon les projections portant sur le réseau actuel déjà en construction, sur 20 ans, l’ARTM, financée par le gouvernement et les municipalités, paiera à la Caisse une redevance de 0,72 $ par passager par kilomètre. Année après année, avec l’accroissement de l’achalandage, les sommes vont en s’accroissant.
Rappelons que la Caisse étudie une autre phase éventuelle également pour Laval. Elle a toutefois déjà rejeté une des propositions du gouvernement, soit un tronçon entre Brossard et Chambly – Saint-Jean-sur-Richelieu.
Le chantier actuel du REM est un réseau de 67 km avec 26 stations. Il comporte une ligne principale, de Deux-Montagnes à Brossard, et deux antennes qui vont vers l’ouest de l’île de Montréal à partir de Saint-Laurent.
Le projet actuel est évalué à 6,5 milliards, payé à moitié par la Caisse, tandis que pour l’autre partie, Québec a déjà investi plus de 1,3 milliard, et la Banque d’infrastructure du Canada, 1,28 milliard.
Le Québec a également fourni d’autres contributions afférentes pour la construction d’infrastructures et la décontamination.