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Mercredi, 21 mai 2025

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Petite histoire d’un voyage à Dubaï (4)

Par Carole Pelletier

Une des principales raisons d’aller à Dubaï était l’exposition universelle 2020 qui s’est en fait tenue d’octobre 2021 à mars 2022, six mois, comme l’Expo 67 de Montréal.

Nous avons visité cinq fois le site. Qu’en dire? Éblouissant sur les plans architecturaux et l’aménagement du site. Quant au contenu, clairement, il est influencé et communiqué par les médias disponibles aujourd’hui : projections lumineuses, présentations en boucle – beaucoup moins matériel et surtout digital. Les thèmes : le futur avec le développement durable, les occasions technologiques et le transport. Nous sommes parfois restés sur notre faim dans certains pavillons.

Maintenant que l’exposition est terminée, une des questions tient à ce qu’on fera du site.

Dubaï a planifié la suite : 80 % de celui-ci demeure et les travaux de transformation sont déjà en cours avec des livrables prévus pour l’automne; le comité a trois ans pour s’acquitter de sa tâche. Globalement, le site deviendra le District 2020, une « Smart City » ou une ville intelligente. Il y aura des complexes résidentiels et d’affaires, un incubateur d’entreprises, un musée pour enfants, des centres d’exposition, de conférences, de concerts, des pistes de vélo et de jogging, une piste pour véhicules autonomes. Le magnifique Al Wazel Plaza, place centrale qui a servi aux concerts et événements spéciaux avec son dôme pour projections 360 degrés, demeure. On veut faire du site une ville centrée sur l’humain. Il sera intéressant de voir le résultat puisque Dubaï donne plutôt dans la démesure.

Projection – moyen fréquemment utilisé à l’expo.
Projection sur une immense construction

Les questions…

Le David de Michelangelo

Le David de Michelangelo du pavillon italien a-t-il quitté
la Galleria dell’Accademia de Florence pour Dubaï?  

Pas du tout. En fait, il a été créé de toutes pièces par une équipe de techniciens et d’artisans restaurateurs. Il s’agit de la reproduction la plus exacte de la statue de 5,2 mètres qui ait jamais existé; les autres ont été faites par moulage, une technique qu’on ne peut plus utiliser, car elle abîme l’original. Elle a demandé plus de 100 000 numérisations. Ensuite, des imprimantes 3D ont transformé des blocs de résine d’acrylique en pièces de la statue qui ont été assemblées et, finalement, une couche de poussière de marbre a été appliquée de façon à lui donner sa patine actuelle. Elle pèse 550 kilos, soit 10 fois moins que l’original.

On voit ce que Dubaï entend faire de son site d’exposition, mais qu’est-il advenu d’Expo ’67 à Montréal ? Je vous le rappelle…

12 des 90 pavillons
d’origine ont survécu

Celui des États-Unis s’est transformé en Biosphère, celui de la France et du Québec en Casino de Montréal. Le pavillon du Canada, pyramide inversée en moins, sert à l’événementiel alors que celui de la Tunisie est occupé par la Société du Parc Jean-Drapeau. Quelques-uns sont dans un état de décrépitude avancée.

Des pavillons ont été relocalisés : le pavillon soviétique est maintenant à Moscou, ceux de la Tchécoslovaquie et de la Yougoslavie à Terre-Neuve, La Maison Chatelaine en Ontario, le pavillon des Jeunesses musicales dans les Cantons de l’Est.

Et, bien entendu, il nous reste les îles Sainte-Hélène et Notre-Dame.

Où et quand se tiendra la prochaine exposition universelle?

La prochaine se tiendra à Osaka au Japon, du 3 mai au 3 novembre 2025. Qui sait où nous serons à ce moment-là?

L’Espagne, végétation et rafraîchissement.
Pavillon des Émirats – iconique

Brin d’humanité – Famille divisée
Il est Sénégalais. Elle est Philippine. Ils se sont connus à Dubaï et mariés il y a de cela 10 ans. Il travaille comme chauffeur de taxi à Dubaï bien qu’il ait fait ses études en ingénierie, mais ses compétences ne sont pas transportables à Dubaï. Il travaille de nombreuses heures et réussit à gagner plus d’argent qu’au Sénégal. Elle est infirmière. Elle gagnait déjà assez bien sa vie à Dubaï mais, quand la pandémie a frappé, un recruteur lui a offert un poste dans un hôpital australien. La décision a été déchirante mais, voilà, ils se sont entendus. Elle est partie avec les 4 enfants (de 2 à 7 ans) en Australie où elle amasse plus d’argent qu’il ne leur aurait jamais été possible de le faire et, dans deux ou trois ans, ils seront peut-être en mesure de réunir la famille. Entretemps, tout se passe sur Zoom; il pourra peut-être aller la rejoindre pour de courtes vacances cet été quand il y aura peu de touristes en raison du climat beaucoup trop chaud. La vie n’est pas facile…     
Brin d’humanité – Hospitalité indienne
Nous visitons l’exposition. Il est près de 13 heures, l’heure du lunch. Le site est bien aménagé pour ceux qui désirent casser la croûte. Il y a plein de petits oasis à l’abri du soleil, avec fauteuils et tables. On fait vite l’affaire aux œufs cuits durs, au fromage et aux petites carottes – plutôt frugal… Une famille indienne s’assoit à nos côtés. La mère déballe leurs victuailles. Côte gastronomie, ils l’emportent haut la main : cinq ou six plats odorants. Ils se servent tous les quatre; il y en a pour une famille beaucoup plus nombreuse. La mère me glisse un petit sourire; je réponds par un bonjour timide (en anglais, évidemment). Elle remplit une assiette de riz au citron et me la glisse avec deux fourchettes et un hochement de tête encourageant. « Mais non… on ne veut pas vous en priver ». Elle rit. Son mari, aussi, et les enfants nous regardent avec un grand sourire. Divin! Les épices se déclinent en une symphonie de saveurs. C’est le début d’un échange d’histoire de vie. Ils veulent partager le dessert. La mère nous invite : « Vous devez venir chez nous. » Nous retournons chacun à notre visite de l’exposition. Ce sera la fin de l’histoire. La vie est belle!

Et, voilà, c’était le quatrième et dernier article. Au revoir!

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