La Verdunoise Sophie Morissette (à droite avec la chemine pâle)
part un an pour organiser
la vie communautaire au Congo et revient sans savoir
si la récolte a été aussi fructueuse que souhaitée…
Texte Marek Zielinski
Recherche Luz Garcia de Zielinski
Après 12 mois de mission en République démocratique du Congo, Sophie Morissette est rentrée au pays, plus riche de toutes les expériences qu’elle a accumulées en Afrique. Son expertise en gestion des agressions sexuelles s’est avérée inestimable et compatible avec les objectifs de la mission.
Semer sans voir la récolte


L’Afrique n’est pas seulement un autre continent, c’est aussi une mentalité différente. Les défis sont nombreux pour celle qui débarque du Québec et tente d’y appliquer nos méthodes. Tout d’abord, les infrastructures et l’équipement sont insuffisants dans les meilleurs des cas, inexistants dans les pires. Les policiers ne disposent souvent pas d’un uniforme pour se faire reconnaître ; seules certaines divisions de la police sont armées ; les télécommunications sont précaires et non-viables ; les véhicules rares. Dans ces conditions, il est difficile de concrétiser des résultats escomptés, et ce constat s’est imposé à Sophie dans toute sa force. Lors de son séjour au pays après trois mois de service, pour se ressourcer et faire le bilan provisoire, Sophie avoue d’avoir rayé de son vocabulaire le mot : efficacité. Au Congo, on fait ce qu’on a à faire, et c’est tout. On sème des graines, on implante des idées et des manières de faire, et on espère pour le mieux.
L’étendue du problème des agressions sexuelles est énorme, car elles sont devenues un moyen de répression et du contrôle de la population. Pour l’aborder, il lui fallait définir les bases et identifier clairement ces comportements qu’on considère pratiquement normaux là-bas et qu’on qualifie d’abusifs ici. C’est par le biais des conférences et des ateliers que ce travail de sensibilisation a pu se faire, mais Sophie est consciente qu’il faudra attendre des années pour voir les résultats. Là encore, oublions l’efficacité immédiate.


Organiser sa vie ailleurs
Sophie a appris à apprécier ces mille petites choses qu’on a ici et qui rendent notre vie facile. On peut même parler de la gratitude : avoir de l’électricité illimitée, de l’eau potable, de logements salubres, voire confortables. Au Congo, le courant électrique n’est disponible que durant 4 heures dans la journée, charger son cellulaire requiert une planification. Et même avec un téléphone chargé, la communication n’est pas garantie, faute de réseau fiable.
Durant son temps libre, Sophie s’est remise à la lecture pour tenir occupé son mental. L’activité physique s’est avérée également quasi obligatoire pour garder son équilibre. Trois-quatre fois par semaine, Sophie se rendait à l’aéroport, l’un des rares endroits sûrs de la métropole, pour y faire de la marche (oubliez la course, la chaleur est un obstacle insurmontable). Elle s’est liée d’amitié avec des Casques bleus du Népal, qui assurent une mission de longue durée et disposent d’un camp bien équipé pour pratiquer certains sports (tennis de table, par exemple). À la fin de sa mission, elle a pu voyager un peu pour découvrir un petit bout de ce continent immense, plein de potentiel, mais confronté aux défis majeurs.


Malgré les retours fréquents au pays pour se ressourcer (tous les trois mois), l’éloignement de la famille pesait lourd sur le bien-être mental de tous. Sophie dessinait et écrivait quotidiennement dans un cahier et envoyait ces dessins et brefs textes à Maxim, sa fille de 10 ans. Au retour, au mois de juin dernier, elle lui a remis ce cahier, un merveilleux souvenir de son aventure africaine. Elle est prête pour une autre aventure, mais pas tout de suite : elle aimerait voir grandir sa fille et être à ses côtés pour la soutenir.
Si vous êtes déjà dans le service de police et que participer à une mission internationale vous intéresse, suivez le lien ci-joint.