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Jeudi, 06 février 2025

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Le Natatorium : l’agonie d’un monument verdunois

Restaurer ou démolir ? Ou construire à neuf un pavillon des baigneurs sur le site du Natatorium ? Voilà le dilemme que la mairesse Mauger devra trancher,
au risque de mettre son siège en jeu aux prochaines élections

Texte de Pierre Lussier
Photos de Jack Northon et Daniel Rochon

La salle du conseil s’est remplie en moins de 15 minutes. Les visiteurs, des gens de toutes conditions, représentant un éventail de la population verdunoise, ont pris place : des retraités, des couples d’âge moyen, d’autres avec enfants, des étudiant(e)s, des universitaires aussi bien que des gens de métier, hommes et femmes. Parmi eux, on reconnaissait deux ex-maires de Verdun qui piaffaient d’impatience pour s’exprimer au micro. On a même entendu un ex-sauveteur (lifeguard) nous parler de l’inauguration du Natatorium par l’acteur qui jouait Tarzan au cinéma, en 1940. L’ancien maître-nageur verdunois connaissait par cœur la petite histoire du Natatorium et s’attristait de son éventuelle démolition.

Annie Longpré et Michel Soulières (Jack Northon)

Le vrai coupable, c’est le chlore !

La soirée a débuté par une allocution de Marie-Andrée Mauger, mairesse de Verdun, qui a soufflé le chaud et le froid en affirmant que son premier choix était la restauration et la sauvegarde du patrimoine, tout en laissant entendre que la reconstruction était privilégiée avec les recommandations de la ville-centre. Madame Mauger a voulu rassurer l’assistance en affirmant que le pic du démolisseur n’était pas pour demain et que la proposition devait franchir d’autres étapes, dont l’évaluation du Comité Jacques-Viger et du Conseil du patrimoine de Montréal. Tout en se décrivant en toute humilité face aux spécialistes, la mairesse a rappelé à une intervenante que c’est le chlore qui a érodé le béton et l’armature métallique au fil des années. Les structures en bois, en brique et en pierre comme l’Auditorium, sont plus faciles à restaurer.  

L’état du Natatorium

À l’aide d’un powerpoint, Patrick Léveillé, le chef de la division sports, loisirs et développement social de la Ville, a dressé un bref historique du Natatorium depuis son ouverture en juillet 1940, jusqu’aux années menant à la fermeture complète de ce pavillon des baigneurs, il y a six ans. 

En effectuant les premiers travaux en 2017, on a découvert la présence d’amiante dans les murs. Puis en 2018, on a poussé plus loin en scrutant la structure du bâtiment.

L’année suivante, un énoncé patrimonial est attribué au Natatorium par la Ville. En 2020-2021, on rédige des rapports d’expertise technique et l’on sécurise le bâtiment dont le dossier sera finalement confié à un atelier de concertation intégrée pour évaluer les scénarios en 2021-2022. C’est en 2023 qu’on arrivera à la recommandation qu’il faut démolir et reconstruire.

Prise avec l’aide d’un drone, le Natatorium de Verdun dans toute sa splendeur. Photos Daniel Rochon.
Vue vers l’ouest du Natatorium, là il semble y avoir atteinte immense au revêtement de la toiture.

Avec un peu plus de recul, voyant à tout le moins trois obstructions de la toiture sur la portion la plus chère aux Verdunois…

Explications

Malgré la piètre qualité des photos montrant l’intérieur du bâtiment et l’erreur de date sur la fermeture de la terrasse sur le toit, Patrick Léveillé a expliqué que le Natatorium est tout en béton et que ce matériau s’est érodé et effrité, tout comme les structures métalliques fortement corrodées à l’intérieur du béton, d’où les risques d’effondrement.

Cet aperçu de l’état du bâtiment a conduit le chef de division a précisé les perspectives de restauration ou de reconstruction. Restaurer du béton et refaire la fondation du Natatorium, c’est difficile. Tandis que construire à neuf c’est plus facile, d’autant plus qu’on propose un projet Signature, un projet original conçu par un architecte qui appliquera les normes d’aujourd’hui dans cet immeuble.

Patrick Léveillé et ses collègues Annie Longpré et Michel Soulières ont abordé le processus de reconstruction qui aura, hélas, pour effet de priver les baigneurs de l’accès aux bassins pendant plus deux ans et demi (entre 2027 et 2030). La question que les intervenants se posent, pourquoi ça prend autant de temps, est-ce la bureaucratie municipale ?

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