Malgré un bulletin de santé inquiétant sur l’état du Natatorium,
l’immense majorité des quelque 200 personnes présentes
à la salle du conseil, mardi dernier, souhaite conserver
cet immeuble qui témoigne de son identité verdunoise
Texte de Pierre Lussier
Photos de Jack Northon
Pressé de questions sur les coûts de restauration ou de reconstruction, Michel Soulières, directeur de la gestion des projets immobiliers de la Ville, a finalement dévoilé des chiffres en affirmant que la reconstruction est évaluée à 30 M$, et la restauration à 40 M$. Le directeur a rappelé à plusieurs reprises au cours de la soirée, les hausses importantes des frais de construction et du prix des matériaux depuis la pandémie et l’augmentation des taux d’intérêt.

Les aléas d’un chantier
Dans son bilan de l’état du Natatorium, Patrick Léveillé a forcément abordé l’état des bassins, dont le béton est bien conservé tandis que la tuyauterie est en fin de vie. Le drain est bouché dans le bassin profond. Il va sans dire que la reconstruction exigera un calendrier étendu jusqu’en 2030, avec une interruption d’accès aux piscines entre les années 2027 et 2030. On parle au moins de deux étés, peut-être davantage.
La mairesse estime qu’il faudra trouver des alternatives, rappelant la fermeture de l’Auditorium lors des travaux. Des intervenantes ont soulevé la question des camps de jour qui seront privés de l’accès aux piscines.
Trois ex-maires prennent position !

Georges Bossé, Jean-François Parenteau et Ginette Marotte, trois anciens maires de Verdun qui ont quitté l’arène politique il y a quelques années, n’ont pas l’habitude d’intervenir dans la gestion de l’arrondissement depuis l’arrivée de Marie-Andrée Mauger à la mairie. Toutefois, un dossier comme celui du Natatorium ne pouvait les laisser indifférents.
C’est un cri du cœur que Georges Bossé a lancé en affirmant : « Vous devez le garder ! ». L’ex-maire a parlé de sa mauvaise expérience avec la gestion de la ville-centre alors qu’il siégeait au comité exécutif de la ville. Finalement, Georges Bossé a demandé qu’on fasse appel à des experts en béton de firmes externes.

Figurant parmi les derniers citoyens à prendre la parole, avant la levée de l’assemblée, l’ex-maire Jean-François Parenteau a rappelé « que les élus se basent sur ce qu’on leur donne comme information », affirmant espérer « que des données plus plausibles que celles qu’on a eues ce soir seront disponibles ». L’ex-maire Parenteau a souligné que Verdun n’avait pas plus que trois ou quatre bâtiments ayant une valeur patrimoniale, d’où l’importance de les préserver. Parenteau a remarqué qu’on n’avait jamais fait de demande d’aide au niveau provincial. L’ex-maire a dit souhaiter que les élus « puissent challenger » les gestionnaires.
Absente de l’assemblée d’information de mardi dernier, Ginette Marotte s’est toutefois exprimée sur les médias sociaux contre la démolition du Natatorium dans un échange avec Jean-François Parenteau.
Parmi les interventions du public, un citoyen a cité la réouverture du restaurant du 9e étage chez Eaton, fermé pendant 23 ans, et qui est de style Art déco. Une coïncidence ? D’autres intervenants ont souligné que ce n’était pas une question d’argent puisque la différence de 10 M$ entre les deux propositions ne faisait pas le poids. La mairesse a évoqué l’imposition d’une taxe spéciale, mais ça n’a pas impressionné l’assistance. Pas plus, d’ailleurs, que la proposition d’un immeuble dit signature, c’est-à-dire original pour remplacer l’actuel pavillon des baigneurs.
Des idées et des opinions
Un intervenant a réclamé une reconstitution à l’identique au Natatorium, une autre personne plutôt favorable à la reconstruction, a réclamé des espaces plus spacieux pour se changer et pour les douches dans un nouvel immeuble. Plusieurs intervenants craignent la construction d’un immeuble dit moderne, du genre soucoupe volante, avec beaucoup d’aluminium. Enfin, un sage a évoqué la mauvaise habitude des Québécois… de trop souvent faire appel à la démolition et la reconstruction, plutôt que de la restauration…


Gaspard Fauteux, un résident très impliqué à L’Île-des-Sœurs, a résumé son opinion en disant que le Natatorium a toujours été pour lui un point de repère lui indiquant qu’il était maintenant rendu à Verdun.



Héritage Montréal s’exprime
Dinu Bumbaru, d’Héritage Montréal, plaide pour la restauration du Natatorium, en soulignant que les bâtiments de ce type sont plutôt rares sur l’île de Montréal. Le directeur des politiques à Héritage Montréal croit qu’on peut trouver des solutions comme on l’a fait pour l’Auditorium.
On aura l’occasion au cours des prochaines semaines de suivre ce débat et de vous communiquer les développements dans ce dossier identitaire pour Verdun.