Lorsque j’étais enfant, il y a mille ans, dans ma Gaspésie natale, j’associais volontiers l’automne aux pommes. À la rentrée, les adultes du village se réunissaient pour jouer aux cartes, un jeu qui ressemblait au poker. On ne jouait pas à l’argent (on n’en avait pas), mais aux pommes. Les gagnants se retrouvaient avec un baril complet de bonnes pommes. Les temps ont changé. Ici à Verdun en 2024, l’automne représente autre chose évidemment.
Un mois de septembre exceptionnellement doux nous a fait croire que l’automne nous avait oubliés. Hier encore, fin septembre, plusieurs baigneurs risquaient la « saucette » à la plage municipale. Depuis mon vélo, j’assistais à cette cérémonie estivale. Il faisait si beau. Un peu de témérité avait gagné l’esprit et le cœur de plusieurs personnes qui allongeaient l’été artificiellement, comme on allonge un espresso au Café Saint-Henri. Je les trouvais bien braves ces Verdunois(es). Je préférais quand même me balader dans ma ville. La Well est désormais fermée aux piétons. C’est aussi un signe que l’été est bien achevé.
Après avoir fait le tour de mes marchands favoris, ma sacoche à vélo pleine de victuailles, je prolonge ma visite jusqu’à L’Île-des-Sœurs. J’apprécie le calme, la quiétude, la beauté de ce quartier de Verdun. Le manteau des arbres commence à changer de couleur. C’est le début d’un temps nouveau, comme le chantait Renée Claude. Le début des chandails de laine, des bottes de rubber, des odeurs de feuilles mouillées, du vent froid qui pince les joues, de la nuit qui débute à 16 h, du hockey à TVA Sports, des dernières parties de pickleball extérieures au BBB. C’est aussi le début des rapprochements, des fins de vacances et de nos activités culturelles automnales.
Je reviens chez moi le vent de face, que cela ne tienne j’ai un vélo électrique, merci Cycle Campus Verdun. J’emprunte la piste cyclable et suis encore admiratif envers ce bijou collectif. Que nous sommes chanceux d’avoir accès aux berges en toute saison ! Le soleil pousse encore quelques rayons presque chauds, le fleuve transporte nos souvenirs estivaux, nos secrets aussi. J’arrive à la maison. Je monte mes emplettes et me dis que c’est vraiment le moment de me cuisiner une bonne tarte aux pommes. Aux coins des lèvres, un sourire nostalgique me vient. Mon cœur de pomme ne fait qu’un tour.