Par Marek Zielinski
Recherche de Luz Garcia de Zielinski
Depuis un certain temps, je consulte régulièrement le site web qui compile toutes les Journées mondiales de… On y trouve de vraies perles parfois : Journée mondiale de la gentillesse, des voisins, du jeu vidéo, des toilettes (oui, vous avez bien lu, des toilettes – le 19 novembre ; je crois que je vais m’abstenir d’en parler (NDLR : ne te gêne pas !). Ces journées sont comme une invitation à célébrer mais surtout à réfléchir sur le topique du jour.
Pourtant, il y a une absence significative et inexplicable dans cette liste. Elle est d’autant plus intrigante pour moi car dans mes textes, qui dépassent 200 à ce jour, j’ai dû utiliser ce mot et le concept qu’il véhicule autant des fois, sinon plus.
Passion – un mot-valise au dos large
Aucune journée du calendrier ne lui est dédiée. Vous avez dit bizarre ? Ça l’est. Si je ne pas le pouvoir d’instaurer une Journée mondiale de la passion, je peux amorcer une réflexion et soumettre quelques idées qui tournent autour de ce… De quoi, justement ? De ce concept, de cette attitude, de cette philosophie de vie. Passion est tout ça, et plus. Commençons par son origine, ce qui va nous donner d’emblée une piste de réflexion. Il faut remonter à la racine grecque du mot, pathos, qui signifie souffrance, puis au latin, qui donne une forme beaucoup plus proche de l’actuelle : passio, et qui garde la même signification. D’emblée, nous pouvons constater que le sens du mot a changé. Si on parle encore de la Passion du Christ pour décrire son supplice, son acception actuelle oscille autour de quelque chose généralement positif.
Passion ou l’fun – le choix nécessaire
Aujourd’hui, évoquer la passion de quelqu’un pour quelque chose décrit un rapport hautement émotif, sensuel même entre les deux. La souffrance a été perdue au cours de route, mais la notion de l’abandon est apparue. Comme dans la passion amoureuse, qui est la version rêvée, idéalisée de l’amour, totalement soumise aux sens, hors du contrôle.
Comme l’âge n’apporte pas que des rides, mais un peu de sagesse aussi – je l’espère – la passion m’apparaît aujourd’hui comme cet ingrédient secret mais essentiel pour une vie réussie. La tendance est plutôt à une vie sans trop de risques, où tout est couvert par les assurances, dans les limites confortables établies par nous, en tant que société. La passion pousse à déborder ce cadre. Elle implique la notion du risque et de l’effort, du sacrifice même. Le fun a la vertu d’être instantané, mais fugace aussi. Il ne comporte aucune contrepartie, ne se nourrit ni de nos larmes ni de notre sueur. L’intensité, ou la récompense, est donc à la hauteur proportionnelle : superficielle et éphémère.
La passion nous travaille, nous plie sous son poids, mais couronne nos efforts par une joie qui a la vertu de durer, de remplir une vie, de lui donner un sens. L’art génère les grandes passions, car le chemin entre l’effort et la joie est long. Pour le franchir, il fait appel à tous nos ressources. Ce chemin nous change, et la joie qu’il apporte est à la hauteur des souffrances et sacrifices qu’il exige.