Depuis un an, la Petite Maison Bleue apporte « un peu de vie », rue de Verdun,
Par Marek Zielinski
Depuis le mois d’août 2020, une tache de couleur apporte un peu de vie sur la rue Verdun, en face de l’Église Notre-Dame-de-Lourdes. Si cette tache est si appréciée et bienvenue dans notre paysage urbain, que dire alors de ce qui se cache derrière cette façade accueillante ! Dans ce cas bien précis, l’expression « apporter un peu de vie » prend une signification quasi littérale : un établissement entièrement voué à aider et accompagner les femmes et les familles durant la grossesse et l’accouchement.
Un centre de la périnatalité sociale La Maison Bleue, quatrième à Montréal, a ouvert ses portes comme on ouvre son cœur à la vie. Le concept de la périnatalité sociale, assez récent, définit la grossesse, surtout la première, comme un moment privilégié et unique pour intervenir sur plusieurs aspects de la vie d’une future mère et de la famille au complet. Ce concept s’articule autour de trois principaux axes :
- Découvrir ses forces – permettre aux familles de découvrir ses forces, au sein d’une communauté solidaire, pour que chaque naissance se fasse dans les conditions optimales ;
- Agir ensemble pour agir mieux – coordonner et ajuster les services offerts sous un même toit pour répondre à tous les besoins de futures mères ;
- Offrir l’accompagnement – créer un environnement qui supporte les femmes enceintes et respecte leurs capacités, en intégrant souvent dans ce processus les acquis de leur culture d’origine.
Julie Leclerc-Ménard, coordinatrice à La Maison Bleue de Verdun depuis son ouverture, précise que l’objectif principal est « de réduire les inégalités sociales en intervenant auprès des femmes enceintes en situation de vulnérabilité. (…) La grossesse et l’expérience de devenir maman sont des moments magiques, mais qui présentent d’énormes défis et peuvent créer beaucoup d’anxiété pour celles vivant dans des contextes difficiles. Les services de périnatalité sociale tels que La Maison Bleue aident à briser l’isolement et outiller ces femmes et leurs familles, pour qu’elles puissent prendre en charge leur mieux-être et celui de leurs enfants. À court, moyen et long terme, les effets de cette approche sont positifs non seulement pour la famille, mais également pour la collectivité ».
La vulnérabilité dont parle Mme Leclerc-Ménard découle de plusieurs facteurs disparates et qui demandent des solutions spécifiques. Parmi ces facteurs, citons les plus communs : précarité financière, faible scolarité, grossesse non-planifiée, isolement, situation d’abus physique, verbal ou sexuel, problèmes d’ordre mental ou de dépendance. Chaque cas est unique et exige l’intervention d’une équipe de spécialistes. Sous un même toit, La Maison Bleue offre de services médicaux, psychosociaux et éducatifs prodigués par les médecins, sages-femmes, infirmières, travailleuses sociales et éducatrices.
Le choix de Verdun pour le quatrième établissement résulte d’une évaluation démographique de notre arrondissement. La diversification de Verdun durant les 20 dernières années l’a revigoré, mais a également contribué à l’émergence des problèmes spécifiques, comme l’isolement, la précarité. Mais aussi, sur une note plus positive, un regain de naissances. La Maison Bleue de Verdun et son équipe ne risque pas de manquer de travail durant les années à venir.
Selon Julie Leclerc-Ménard, « la pandémie a mis en évidence la pertinence d’une collaboration serrée entre les services du système de la santé, les organismes communautaires, ainsi que les citoyens afin de s’assurer que les personnes les plus vulnérables de notre société ne se retrouvent encore plus dépourvues. Malgré que notre ouverture officielle ait été retardée dû à la première vague en mars 2020, nous avons remarqué immédiatement que cet esprit de collaboration et d’entraide est omniprésent dans Verdun et nous avons été accueillis très chaleureusement, malgré la situation difficile ». Afin de rester près de son travail et de pouvoir s’y rendre à pied, Julie s’est installée, elle aussi, dans notre arrondissement.
Depuis le lancement de la première Maison Bleue, en 2007 à Côte-des-Neiges, plus de 1000 familles ont été suivies et plus de 1300 enfants sont nés et accompagnés jusqu’à l’âge de cinq ans. La pandémie, comme nous l’avons appris plus tôt, a compliqué la vie des gens, et particulièrement celle des familles en attente d’un enfant, mais, comme le souligne Julie, « même dans les situations les plus difficiles, (…) nos familles (font) preuve d’une force et d’une résilience à couper le souffle. Elles sont inspirantes et, à un niveau plus élargi, je crois sincèrement que c’est dans le support et dans l’empathie que nous pouvons tous faire grandir ces qualités les uns envers les autres, particulièrement dans ces temps mouvementés ».
Bleue comme la mer, bleue comme le ciel, bleue comme la sagesse – la petite Maison a les moyens à la hauteur de ses ambitions et surtout une équipe dévoué à la plus noble de tâches : la mise au monde de notre futur.
