Phragmite
Royaume des plantes
Famille des poacées
Texte et photos de Mario Lefebvre
Le fameux phragmite, ce roseau envahissant qui nous bloque la vue sur l’essentiel et qui tue à petit feu la biodiversité des habitats naturels ! En effet, cette graminée prolifique n’en finit plus de faire parler d’elle. D’abord, le phragmite est originaire d’Eurasie, mais avec le temps, il s’est introduit en Amérique du Nord pour garnir les plans d’eau naturels et déborde dans les fossés aux abords des routes.


Le phragmite australis est une plante qui fournit des graines, du feuillage, une longue tige et des racines sous forme de rhizome : tout est comestible. Cette plante pousse à une vitesse folle : on compte 200 tiges au mètre carré et elle peut mesurer jusqu’à six mètres de hauteur. En bordure du Saint-Laurent, il n’est pas rare de se retrouver face à une imposante étendue de phragmites. Par exemple, au rapide de Lachine, les gardiens de parc coupent et arrachent des milliers de plants chaque année. Tous ces efforts sont toujours à recommencer à chaque printemps. Le phragmite s’enracine sous le sol et se tisse des circuits de rhizome parmi les autres plantes indigènes. Par conséquent, les plantes qui tentent de pousser sont littéralement étouffées. Il en va de même pour les mammifères rongeurs, les insectes, les oiseaux, les batraciens, etc.


À première vue, il n’est pas désagréable à regarder, la fraîche verdure de sa tige et ses épis qui flottent au gré du vent, s’ajoutent au paysage existant. Mais parlez-en à nos voisins de l’Ontario ! Depuis quelques années, le gouvernement ontarien multiplie les efforts pour se débarrasser du phragmite. Ce roseau est en si grand nombre dans les lieux humides, qu’il empêche les grenouilles, les tortues, les oiseaux et bon nombre de plantes indigènes de prospérer. D’un commun accord avec Santé Canada, l’Ontario s’est tourné récemment vers la pulvérisation d’herbicide, la tonte et le brûlage contrôlé des tiges, pour permettre aux autres plantes de se régénérer. Les efforts semblent porter fruit, déjà certaines zones qui étaient envahies de phragmite n’ont pas repoussé. Ce roseau envahissant a pris la place de l’espèce indigène qui possède une tige brune plutôt que verte.

Malgré tout, sachez que le phragmite est utilisé pour faire des balais, des paniers, des anches pour instruments à vent, tel que le sipsi… une petite flûte dont le son ressemble étrangement à celui d’une clarinette.