Revue de presse – Marie-Êve Cousineau, Le Devoir – 22-01-2021
La COVID-19 s’est propagée comme une traînée de poudre dans l’unité d’hospitalisation pour troubles de l’humeur. Un premier patient a reçu un test de dépistage positif le 15 janvier. Une opération de dépistage massive a ensuite eu lieu auprès des personnes hospitalisées et du personnel de cette unité. Neuf nouveaux cas ont été détectés.
« L’unité est passée de verte à tiède, dit Amine Saadi, directeur adjoint au programme Santé mentale et dépendance du CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal. Tous les patients déclarés positifs ont été transférés dans une unité réservée à la COVID-19. »
Les patients et les employés ont subi de nouveau un test de dépistage cinq jours plus tard. « Treize patients ont été déclarés positifs », indique Amine Saadi. Le CIUSSS tente maintenant de joindre les proches aidants des patients de cette unité afin qu’ils se rendent dans un centre de dépistage. Les visites ont été suspendues.
Le Dr Gustavo Turecki, chef du Département de psychiatrie du CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal, souligne que cette éclosion est « très importante ». « On a déjà eu à l’Institut des éclosions de quelques cas, ici et là, dit-il. Mais cette fois-ci, le nombre [de patients infectés] est très élevé. »
Le protocole de l’équipe de prévention et de contrôle des infections a été mis en place, souligne-t-il. « Est-ce [l’effet du] nouveau variant du virus, qui est plus infectieux ? Je suis psychiatre, pas microbiologiste. »
Une infirmière de cette unité, interviewée par Le Devoir, croit que les chambres à plusieurs lits — plus nombreuses que les chambres individuelles — ont contribué à la propagation de la maladie. « Dans les chambres à deux, il y a seulement quatre pieds [1,2 mètre] entre les lits, dit l’employée, qui veut garder l’anonymat par crainte de représailles. On a aussi des chambres à trois. Souvent, on dépasse la capacité et on met un lit de camp pliant pour une quatrième personne. »
Unité rouge sur le point de déborder
L’Institut universitaire en santé mentale Douglas est l’établissement responsable d’accueillir tous les patients hospitalisés en psychiatrie et atteints de la COVID-19 sur le territoire montréalais. Son unité rouge, qui compte 26 lits, est sous haute tension en raison de cette éclosion.
« On est au maximum de notre capacité », dit Amine Saadi. Le CIUSSS envisage de transférer des patients positifs dans un lieu non traditionnel, un gymnase adjacent à l’établissement. Des malades guéris de la COVID-19 pourront regagner une unité verte dès lundi, ce qui libérera des places dans l’unité rouge desservant l’ensemble des hôpitaux de Montréal.
Selon le Dr Gustavo Turecki, la « grande majorité » des patients infectés dans l’unité sont asymptomatiques. « Et s’ils sont symptomatiques, ils ont des symptômes très légers », ajoute-t-il. La COVID-19 pourrait toutefois « peut-être impliquer une prolongation du séjour à l’hôpital », estime le psychiatre. « En moyenne, le séjour dans cette unité est d’un mois », précise-t-il.
Reste que ces patients ont droit aux mêmes soins de qualité dans l’unité rouge, tient à souligner le Dr Gustavo Turecki. La seule différence, affirme-t-il, c’est que les soignants sont habillés « un peu comme s’ils étaient sur la Lune ». Les malades bénéficient aussi d’une chambre individuelle, fait-il valoir, ce qui n’est pas le cas à l’unité d’hospitalisation pour troubles de l’humeur.
Le CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal compte procéder prochainement à un autre dépistage massif dans l’unité. Il n’a pas l’intention, pour le moment, de suspendre les visites dans l’hôpital (hormis en zone tiède et chaude). « On doit prendre soin de la santé mentale des patients », dit Amine Saadi.