Des questions et des commentaires sur la piétonnisation de Wellington

(Texte de Pierre Lussier)

La première séance d’information organisée par l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) à propos d’une demande de piétonnisation à l’année de la rue Wellington, a servi de tremplin aux doléances de plusieurs résidents sur divers enjeux locaux

Il était 18h45 lorsque les responsables de l’OCPM ont terminé les derniers ajustements de micros dans la salle du conseil transformée pour l’occasion. L’installation d’une tribune et d’un immense rideau noir avec deux écrans ont été installés. À 19h05, la salle est déjà remplie et les gens favorables ou non à la piétonnisation permanente de la rue se partagent les places.

 

L’expérience estivale

S’inspirant des données recueillies au cours des années de piétonnisation estivale, Diane Vallée et Jean Cardin qui représentaient l’arrondissement, ont rappelé les statistiques tant au chapitre de l’affluence des visiteurs et la satisfaction des commerçants de la rue Wellington.  

La piétonnisation estivale de la rue Wellington a débuté en pleine pandémie au moment où la contagion du virus avait pour effet de réduire les déplacements et les contacts entre les personnes. En créant un vaste espace où les gens pouvaient circuler sans trop risquer d’attraper la Covid, on redonnait vie à la rue Wellington grâce à la collaboration de la SDC Promenade Wellington et à l’arrondissement Verdun.

 

La piétonnisation estivale de juin à septembre (104 jours) coûte environ un million de dollars à l’arrondissement selon un relevé de l’arrondissement.  En comparaison, Diane Vallée et l’ingénieur Jean Cardin ont parlé d’un estimé de 3,5 millions de dollars pour la piétonnisation hivernale (déneigement, déglaçage etc.) sans oublier des frais comme le rehaussement de la chaussée au niveau du trottoir et autres travaux pouvant aller jusqu’à 12 M $.

 

Par ailleurs, l’achalandage de la rue Wellington, qui se traduit par le nombre de passages de visiteurs s’accroît d’année en année pendant la piétonnisation, par exemple, en 2023, on ne comptait pas moins de 2 021 769 visites et en 2024, 2 306 205.

Diane Vallée a rappelé les objectifs de la piétonnisation à l’époque, notamment le positionnement de la Promenade Wellington comme destination qui se démarque sur une rue où on a tous le goût de passer du temps, à proximité de la plage et de l’Auditorium.

On doit ici saluer la performance de Diane Vallée qui a fourni des explications claires et des réponses précises au public, sans nier les limites des statistiques à sa disposition, et surtout en précisant qu’elle exprimait un constat et non un choix.

 

Le but des initiateurs du projet

Chis Bitsakis et Victor St-Louis ont expliqué les raisons de leur démarche de piétonnisation permanente. Chris a parlé notamment du droit à la ville et il a cité en exemple des villes où la piétonnisation est bien implantée, comme Copenhague et Oslo ainsi que Burlington tout près de nous au Vermont. Dans toutes ces villes, les gens se sont réapproprié l’espace urbain. Les initiateurs souhaitent un quartier plus inclusif et solidaire. Un intervenant au micro a parlé d’un endroit plus festif tandis qu’un autre citoyen s’interrogeait sur l’existence d’un programme de soutien des commerçants advenant la piétonnisation.

 

L’âge, les handicaps, les conditions hivernales

Tous ces aspects ont été évoqués par plusieurs intervenants qui déplorent autant le déplacement des lignes d’autobus sur d’autres rues parallèles que les difficultés d’accès du transport adapté et de la mobilité réduite de plusieurs résidents verdunois.

 

Autre dossier qui est apparu mercredi soir, et qui est la conséquence de la perte d’une rue collectrice comme Wellington sur le territoire. Plusieurs intervenants ont en effet signalé l’accroissement incroyable de circulation sur le boulevard LaSalle en raison du déplacement du trafic. C’est inquiétant, selon la représentante d’une garderie qui peine à traverser le boulevard LaSalle avec les enfants en raison de la circulation.

 

Grover, le doyen des commerçants, est inquiet

Les propriétaires du magasin Grover qui est présent sur la rue Wellington depuis plus 100 ans, s’inquiètent pour l’avenir de leur commerce si la piétonnisation de la rue devient permanente. C’est le stationnement qui pose problème et bien sûr la distance de marche pour la clientèle. Commerce de destination, Grover a des clients qui viennent de l’extérieur de Montréal, même de l’Ontario et du Vermont, et ces gens-là vont aller ailleurs si c’est trop difficile d’accéder à la boutique de la rue Wellington, un témoignage corroboré par un autre commerçant qui craint pour l’avenir de son magasin.

Un exercice démocratique hélas très coûteux !

Rappelons que cette consultation encadrée par l’OCPM a pour origine en 2023, le dépôt d’une pétition de plus de 3 300 signatures à l’arrondissement, réclamant la piétonnisation à l’année de la rue Wellington, même en hiver. Après vérification du lieu de résidence des signataires par le Service du Greffe, la pétition a été reconnue à titre de droit d’initiative citoyenne conforme à la Charte de la Ville, d’où les démarches pour tenir une consultation et les frais versés à l’OCPM par l’arrondissement de Verdun et la ville-centre, des frais qui s’élèvent à 60 000 $ chacun, sauf erreur.

 

Un agenda chargé

La séance d’information et de questions-réponses a eu lieu le 22 janvier.

Du 23 janvier au 12 février : Période pour exprimer son opinion.

Le 28 janvier : Kiosque d’information et atelier collaboratif sur la piétonnisation permanente de la rue Wellington à la Mairie de Verdun, 4555, rue de Verdun.

6 février, Date limite pour s’inscrire afin de présenter un mémoire devant les commissaires.

11 février : Séance d’audition des opinions de 19 h à 22 h dans la salle du conseil.

12 février : Date limite pour soumettre une opinion écrite.

12 février : Séance d’audition des opinions de 13 h à 17 h à la Mairie de Verdun.

Rédaction du rapport (À suivre dans une prochaine édition sur Explore)