-6.7 C
Montréal
Mercredi, 15 janvier 2025

Coup de cœur aux pères

Par Marek Zielinski
Recherche de Luz Garcia de Zielinski

Le 19 juin, je lèverai mon verre aux pères du monde entier dans l’ensemble, et aux quelques pères particuliers de mon entourage. Quand j’y pense, le mien vient tout naturellement dans ma tête, et dans mon cœur. Parti il y a 17 ans, il veille encore sur moi, surtout en ces moments difficiles de ma vie. Je suis persuadé que, pour beaucoup, leur père est encore et toujours une référence, une boussole, un guide, une incarnation des valeurs essentielles de la vie : courage, sens du devoir, raison, droiture.

Évacué trop souvent physiquement dans la vie, pour toutes sortes de raisons (travail, divorce, immaturité émotionnelle, etc., le père s’est converti en figure paternelle un peu abstraite, désincarnée – une forme abâtardie du vrai père. Il y en a partout, chaque institution, chaque politique se drape dans ses habits, nous assène des vérités ou assaille des conseils. Il y a une forme de rejet de plus en plus généralisé de cette paternité et un retour vers une présence tangible. Notre société appuie et encourage cette approche, reconnaissant l’importance des pères, jadis vus principalement comme pourvoyeurs et/ou punisseurs attitrés.

Je lève donc mon verre aux papas ! À ceux d’abord qui nous donnent du fun, qui sont parfois plus fous et enfantins dans leurs jeux que leur progéniture ; avec qui l’on finit toujours avec les genoux en sang, que le fou rire qu’ils provoquent fait vite oublier la douleur ; à ceux qui font rouler les yeux de mères par leur apparente immaturité ; à ces grands gamins qui agacent autant qu’ils enchantent.

Je lève mon autre verre aux Pères (avec un p majuscule). Aux guides, aux sages, aux braves qui font repousser nos limites, qui en connaissent un bout sur la vie et ses chemins et qui nous glissent ici et là une réponse, un conseil – qui mettent dans notre main une clé pour comprendre, donc apprivoiser, ce monde qui fait peur et dont nos mères font tout pour nous protéger. Ceux qui portent leurs enfants sur leurs épaules pour hausser la ligne de notre horizon, pour peut-être nous faire entrevoir un peu de notre futur, pour dépasser notre condition initiale, nos limites. Aux géants qu’ils étaient à nos yeux quand, accrochés à leurs genoux, nous nous sentons si spéciaux quand ils nous cueillaient dans leurs bras, pour leur tirer la barbe ou juste sentir la rugosité de leur pilosité, par contraste avec la douceur maternelle.

Leur condition est fragile, souvent, leur réputation souvent à refaire, encore victime de ce cri déchirant du Christ agonisant : « Père, pourquoi m’as-tu abandonné ». Qui a marqué nos deux mille ans d’histoire ! Il y a du chemin parcouru, il en reste à faire autant. Être père n’est pas facile, la fonction est dotée d’une grande charge symbolique que chaque époque réinvente à sa manière, et la nôtre particulièrement.

Pour Marian, Trinidad, Andrzej, Adam et Gabriel – les pères exceptionnels et pourtant discrets.

Abonnez-vous au magazine Explore

Chaque dimanche matin, recevez la revue des actualités de la semaine sous forme de magazine

Articles récents