26.6 C
Montréal
Mercredi, 24 juillet 2024

Chanter la cumbia les pieds dans la neige

Texte Marek Zielinski
Recherche Luz Garcia de Zielinski

La diversité culturelle et ethnique nous semble si évidente, que nous la tenons pour acquise. Pourtant, c’est un phénomène assez récent, et il n’est pas nécessaire de remonter bien loin dans le passé pour s’en convaincre. Les cultures coexistaient entre elles, cloisonnées et quasi impénétrables. Il en fallait des pionniers, de défricheurs pour faire tomber les préjugés.

Par ce bel après-midi de printemps, dans ce café si charmant, nous avons face à nous un couple de ces pionniers et défricheurs — Claribell Blanco Catano et Arturo Catano. Originaires de la belle Colombie, elle de Barranquilla, lui de Bogota, ils s’apprêtent à fêter les 46 ans de mariage. Presque un demi-siècle passé ensemble en musique, en chansons, à porter en eux le soleil tropical et les rythmes sensuels.

Las Vegas du Nord

Claribell est arrivée au Québec la première, en 1966, avec un contrat en poche pour chanter dans une de nombreuses boîtes de nuit de Montréal, connu à l’époque comme Las Vegas du Nord. Il y a une très bonne raison à cela : la vie nocturne était foisonnante, avec des dizaines de cabarets, clubs, boîtes à chansons, dancings. Claribell chante pour un public souvent indifférent, mais elle réussit à se faire une belle place dans la profession.

Claribell Blanco Catano et Arturo Catano, nos nouveaux amis s’apprêtent à célébrer leur 46e anniversaire de mariage. Originaires de cette Colombie à plusieurs cordes – elle de Barranquilla, lui de Bogota -, ils portent en eux le soleil tropical et les rythmes sensuels…

…un demi-siècle passé ensemble en musique, en chansons.

Arturo débarque ici une dizaine d’années plus tard, sa guitare à la main. Il fait partie d’un groupe de sept musiciens, qui se produit dans un restaurant de Sept-Îles. Son arrivée est soudaine et imprévue : un promoteur québécois leur a offert un contrat après les avoir découverts dans son hôtel à Bogota. Évoluer dans le même milieu à Montréal a inévitablement conduit Claribell et Arturo à se rencontrer. L’amour s’en mêle et l’année suivante, en 1978, ils se marient. Perdurer sur la scène musicale de Montréal, avec un répertoire majoritairement latino-américain, n’est pas aisé. Ils sont quelques décennies en avance sur ce que la ville est aujourd’hui, ce lieu ouvert, accueillant et curieux d’autres cultures. Ils étaient des pionniers, ils ont tenu pendant des années, ayant même ouvert leur propre établissement pour propager la chanson latine. La boîte s’appelait La bohemia et elle a été durant 5 ans à la fin des années 80 un lieu presque exclusif pour écouter de la musique sud-américaine.

Aujourd’hui, le couple fait de la musique à la personnelle, lui avec sa guitare qu’il fait rire ou pleurer au gré de ses humeurs.

La musique en héritage

Aujourd’hui, le couple fait de la musique de manière personnelle, lui avec sa guitare qu’il fait rire ou pleurer au gré de ses humeurs ; elle, en chantant, toujours pleine de vie et de malice. La musique se perpétue pourtant dans la famille à travers l’un de leurs deux fils, Danny Blanco Hall, qui est également un acteur prisé de la télé et du cinéma.

L’autre fils vit à Miami, mais en dehors du milieu des arts.

Après avoir vécu dans quatre pays, Claribell et Arturo ont posé leurs bagages à Verdun, dont ils apprécient le charme et la diversité culturelle. Ils ont participé activement à forger cette diversité, à poser des pavés pour les plus jeunes.

Chaque soir, quand Arturo chante une sérénade à Claribell et qu’elle lui réponde par un couplet, leurs âmes sont transportées dans leur Colombie natale, sous les palmiers et dans cet air chaud parfumé de mille saveurs. Dans ces moments, même le plus dur hiver québécois s’avoue vaincu et cède sa place au soleil du Sud.

Abonnez-vous au magazine Explore

Chaque dimanche matin, recevez la revue des actualités de la semaine sous forme de magazine

Articles récents

Vos entreprises

spot_img