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Lundi, 24 mars 2025

Verdun + Île-des-Sœurs
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Ainés: du Caire à Montréal

Par Ahmed Chetioui
Collaboration spéciale

Il est des hommes dont l’aura discrète illumine un univers tout entier. De ses hommes, André Napier en fait partie.

André est natif de cette terre féconde, terre d’histoire qui a engendré de grands hommes, qu’ils soient hommes de pouvoir ou de culture, terre des pharaons, berceau des civilisations ; l’Égypte ou comme la surnomme les Égyptiens, la «Mère de l’univers».

André Napier a eu le virus du commerce très tôt dans sa jeunesse, tout comme l’avaient eu ses ancêtres. En 1952, il quitte l’Égypte pour le Canada et arrive à Montréal avec dans ses bagages, des bijoux et objets d’art anciens ainsi qu’une ambition à toute épreuve ; il s’associe à son beau-père et ouvre un commerce d’antiquaire sur la rue Sherbrooke, dont le nom évocateur Aladin nous rappelle l’orient et ses richesses.

Malheureusement, son commerce peine à décoller. Il profite alors d’un salon commercial à Toronto, pour faire connaître ses produits, mais une tout autre histoire l’attend. En effet, lors de ce salon, voyant la fougue, le bagout de ce jeune vendeur, le propriétaire du kiosque voisin, qui n’est autre que le directeur des ventes de l’encyclopédie Britannica, lui propose de joindre son équipe de vendeurs, et c’est ainsi qu’il devint VRP pour l’encyclopédie au Québec. Très vite, il se démarque par sa force de vente et fait le bonheur de l’éditeur, sa fougue et son ambition lui permettent très vite de gravir les échelons et il accède au poste de directeur des ventes en Italie (Rome-1960). Et ensuite DG pour l’Europe (bureau à Genève, Suisse – 1963).

En 1968, il se rend à Paris où il s’intéresse aux arts dont il était féru et à la culture, surtout à l’Opéra, il se rend acquéreur de plusieurs toiles de maître, apprend à expertiser les œuvres d’art. Il devient un marchand d’arts reconnu dans ce milieu très élitiste et, en parallèle, il est approché par le Club français du Livre, ce club avec Britannica qui viennent de créer l’Encyclopédie Universalis – et on lui donne le mandat de démarrer celle-ci en France, en 1968, jusqu’en 2014.

À ce jour, il revient au Canada auprès de ses enfants et s’installe à Montréal avec son épouse dans la résidence Ambiance Île-des-Sœurs, où je fais sa connaissance en 2016, alors que j’étais directeur général de cette résidence. J’ai découvert un être d’une grande sensibilité, mais surtout un érudit, grand connaisseur d’Arts et de Culture, un conteur né ; je ne me lassais jamais de nos discussions et de son esprit vif. Il continue malgré son âge avancé à être toujours actif. Ainsi, en 2020, à l’âge vénérable de 93 ans, il s’associe à une grande marchande d’art à Montréal.

Malheureusement, cet homme si bon, si généreux, nous a quittés le 29 janvier, en silence… Pour ceux qui l’ont connu et ceux qui l’ont côtoyé, ce texte se veut une ode à sa vie. Car il restera toujours vivant dans nos cœurs.

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