Juliana Zerda
Le Mali, un pays d’Afrique de l’Ouest de 20 millions d’habitants, partage ses frontières avec la Mauritanie, l’Algérie, le Niger, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée et le Sénégal. C’est au Mali qu’Assitan Sylla est née.
Assitan Sylla, que l’on connaît aussi sous le nom d’Youma, est une Verdunoise très connue pour ses cours de Zumba. Youma, qui veut aussi dire « maman » dans sa langue maternelle, porte le nom de sa grand-maman. Rappelons que la langue officielle du Mali est le français et que cette contrée dispose de 78 langues parlées.
Arrivant à Montréal en 1998 avec son mari, Youma se souvient de sa vie au Mali et nous raconte son histoire : elle est née et a grandi à Bamako dans une grande famille avec plusieurs frères et sœurs ; elle a d’abord habité avec sa grand-maman à Kayes, où elle a fait l’école, pour retourner chez son père où elle a rencontré son conjoint malien d’origine française.
Son premier fils est né au Mali, mais avec le projet d’immigrer au Québec, la petite famille a rapidement quitté pour la France où ils ont passé une année en espérant leurs papiers d’immigration pour le Canada. Après 23 ans au Québec, les détails de l’immigration deviennent flous, mais elle se rappelle être allée à Paris l’année où Lady Di est décédée, donc en 1997. Ils arrivent au Québec l’année suivante, l’année du verglas ; le souvenir qui l’a le plus marqué à son arrivée, c’est la quantité de neige qui s’est retrouvée sur son chemin. Pour Youma, le froid était des plus impressionnants.
En arrivant au Québec, la décision a été prise qu’elle demeure avec son fils, tandis que son mari a commencé des études à l’UQAM. Deux ans plus tard, Youma s’est inscrite dans une formation en technique en informatique au Collège LaSalle, mais elle n’a jamais exercé son métier. Alors elle a décidé de se tourner vers la coiffure. En même temps qu’elle faisait ses études et tout en s’occupant de son fils, Youma a trouvé un emploi à la caisse de chez Costco et au Provigo de L’Île-des-Sœurs. Jusqu’au moment où elle a reçu son diplôme et s’est intégrée dans quelques salons de coiffure. Finalement, en 2005, son deuxième fils est né. Et avec la famille qui se complète, elle a décidé de s’inscrire à l’Université de Montréal pour suivre un baccalauréat en Arts et Sciences.
Femme polyvalente et courageuse, Youma se sépare de son mari et décide de prendre les occasions pour rebondir, se retrouver et se réinventer. « J’ai appris que cette société nous donne l’occasion de changer de domaine et de nous retrouver ».
À la suite de sa séparation, Youma a réussi à rebondir sur ses pieds. Elle travaille dans des salons de coiffure, mais sa nouvelle réalité n’est pas compatible avec les heures de travail. Alors, par l’entremise d’une amie, elle a commencé à travailler quelques heures comme surveillante au service de garde à l’École primaire de L’Île-des-Sœurs. Et par la suite décocher un poste comme éducatrice à l’École des Marguerites.
Youma découvrait une nouvelle passion ; elle a observé et a grandi. Elle a réussi à faire de nombreuses heures de travail et s’est inscrite à une Attestation à l’éducation permanente (AEP) en service de garde. Pendant un an, elle a étudié en même temps qu’elle travaillait à l’école.
C’est ainsi qu’elle a appris à connaître les spécificités de son métier, et de bien vouloir aider les autres pour avoir de meilleures conditions de travail. Toujours à la recherche de l’équité et le bien-être des employés, Youma a franchi les étapes pour devenir déléguée syndicale à l’École des Marguerites, représentant les employés de soutien en éducation, dans le but de comprendre leur convention collective. Actuellement, elle a été libérée temporairement de ses fonctions d’éducatrice pour travailler au bureau syndical.
Sa polyvalence n’a pas de limites. En parallèle à sa vie professionnelle, depuis plus de 10 ans, Youma a développé une jolie carrière en Zumba ; elle est désormais certifiée comme instructrice et est habilitée à donner des cours. C’est en fait de cette façon qu’elle est reconnue à l’ÎDS, car elle a réussi à partager sa passion en donnant des cours privés au centre Elgar (par zoom) et de façon bénévole à plusieurs événements et à la Maison d’accueil aux nouveaux arrivants, MANA.
Un parcours marqué par la polyvalence, par l’envie de se retrouver, de briller et d’éveiller son plein potentiel. À l’époque, quand l’idée est venue d’immigrer au Québec, elle n’imaginait pas qu’elle allait vivre de grandes choses ; de fait, elle n’avait pas beaucoup d’ambition ni de plan de vie précis. Mais elle a su saisir les occasions et compris que le chemin vers le rêve n’est pas toujours en ligne droite. Alors, elle a réussi à façonner sa vie au Québec en confirmant que les possibilités sont toujours là, « quand nous nous donnons la volonté d’y arriver ».
Se renseigner, poser des questions, aller voir les organismes, observer et se remettre en question, ce sont les conseils qu’Youma a partagés avec nous.
Assitan Sylla (Youma), une femme polyvalente, est notre voisine venue d’ailleurs pour y rester.