Texte Marek Zielinski
Recherche Luz Garcia de Zielinski
Du 16 avril jusqu’au 26 octobre, le Musée McCord accueille une exposition de photos sous le titre Battre le pavé. Plus de 400 œuvres de trente photographes, regroupées selon six thèmes qui reflètent les aspects importants de la rue dans le fonctionnement d’une cité et couvrant une période allant de XIXe siècle à aujourd’hui, ont été choisies pour illustrer la vie dans son décor le plus naturel et le plus diversifié. Parmi les artistes participants, Stephanie Colvey, une Verdunoise bien connue de la communauté.
De l’œil au cœur
La grande aventure de la photo commence pour Stephanie au milieu des années 70. En parfaite autodidacte, elle a saisi un appareil et a commencé à voir. Son inspiration vient de tout et de rien, de la vie qui l’entoure, des gens qu’elle croise. En 1980, elle cofonde avec quelques collègues Dazibao, un centre de diffusion et d’exposition autogéré qui est toujours en activité.
Son parcours et sa sensibilité à la cause des femmes font qu’elle est sélectionnée en 1995 pour exploiter le thème des droits des femmes dans six pays du monde, notamment au Pérou. Durant plus de vingt ans, Stephanie sillonne le monde pour des organisations qui œuvrent dans le développement et l’aide humanitaire (Care Canada, Agence canadienne du développement international, entre autres). Les photos de ses voyages sont de véritables témoignages de première main sur l’aspect humain, souvent oublié, des conflits et des guerres.
Résidant à Verdun depuis 12 ans, Stephanie considère que son destin et celui de sa famille sont étroitement liés à notre arrondissement : sa mère en est native et son oncle tenait durant des années un restaurant sur la Well.
Un regard qui guérit
L’objectif d’une caméra n’est pas uniquement prolongement de l’œil du photographe. C’est un prisme, un outil qui permet de capter, d’isoler et de charger de signification un détail, une scène, un visage. Paradoxalement, il crée simultanément de la distance et le rapprochement entre le sujet et l’objet.
Stephanie cite le cas d’une jeune fille kosovare, rencontrée dans un camp de réfugiés après l’éclatement violent de l’ex-Yougoslavie, tellement traumatisée par ce qu’elle a vu qu’elle en est devenue catatonique. Stephanie a remis entre les mains de la jeune fille sa caméra pour qu’elle fasse le portrait de son père. Durant ce bref instant, elle a retrouvé un semblant de sourire, de détachement.
Quelque part, le mystère de la photo est apparu dans toute sa force : je regarde à travers la caméra pour témoigner, et pour me détacher. Comme dans la pratique de tout art, il y a l’aspect thérapeutique, guérisseur qui s’en dégage.
L’invitation pour voir cette exposition est lancée— vous pouvez en avoir un avant goût en suivant le lien ci-dessous.




