Un petit tour chez Tony et RBG.

Texte Marek Zielinski

Recherche Luz Garcia de Zielinski

La nouvelle serveuse chez Bombay Grill est à peine plus haute que les tables, a une tête carrée et se nomme RBG (les fans des Star Wars apprécieront le clin d’œil). Sans bras, elle peut pourtant porter une dizaine de plats, mais elle n’est pas du genre à sourire à droite et à gauche. Elle a coûté une petite fortune à Tony Multani, le chef et le propriétaire du restaurant, qui occupe le local au 4631 Wellington depuis quelques années déjà. 

Je viens en amie!

Tous les angoissés d’IA, vous devrez faire un tour à Bombay Grill. Vous avez deviné, RBG est un robot sur roues, programmé à vous servir et vous gratifier d’un mot gentil, à défaut du sourire (ça viendra, j’en suis sûr). Tony, dont le nom à consonance italienne peut induire en erreur, est un Hindou du Nord de l’Inde, établi au Québec depuis plus d’un quart de siècle. Chef diplômé doublé d’un gérant en hôtellerie, Tony est également propriétaire de l’épicerie indienne juste en face de son restaurant. L’édifice qui abrite son restaurant lui appartient également, le mettant à l’abri des hausses du loyer qui déciment les commerces sur la Well (j’exagère un peu, mais la tendance est inquiétante). Tony attribue son succès au travail acharné. Ses journées comptent au minimum 16-18 heures du travail, et il peut bénéficier du soutien de sa famille (oncles, frère – eux aussi hommes d’affaires comme lui). Il trouve pourtant du temps pour pratiquer sa religion (il est sikh) dans son temple de la ville de Lasalle. 

La RBG s’en va en roulant et en s’excusant auprès de chaises qu’elle pense être des clients. Apparemment, elle a dans sa manche (mais où sont ses bras?) quelques atouts que je vais découvrir sous peu : elle peut chanter Happy Birthday dans la langue de notre choix. Étant Polonais et connaissant la rareté de ma langue, je l’attends de pied ferme – vivement le mois de juin!

Nourrir son monde

En tant que propriétaire d’un restaurant et de quelques immeubles, Tony est souvent confronté à la détresse humaine sous toutes ses formes. À sa manière, dans les limites de ses moyens, il y fait face : il n’expulse personne de ses logements, même avec une ordonnance de la cour dans sa main et aucune demande de nourriture n’est refusée aux portes de son resto. Tony rêve d’organiser, avec le concours de l’arrondissement dans le cadre du 150e anniversaire de Verdun, la distribution de la soupe populaire. Il est en cela fidèle aux préceptes de sa religion, qu’il pratique avec une foi profonde.

Passez donc voir nos amis Tony et RBG au Bombay Grill, sans oublier les autres employés humains, au nombre de six, qui s’affairent à vous offrir le meilleur service possible. À l’aube de la révolution liée à l’intelligence artificielle, il n’est jamais trop tôt pour se faire quelques alliés du côté des robots – tout en se régalant d’une nourriture exquise, préparée, quant à elle, par le très humain Tony et ses sous-chefs. Bon appétit!

Bombay grill Verdun