Des Congolais tentent de survivre à l’exil et se défendre devant le commissaire de la Section de la protection des réfugiés – Premier d’une série de trois articles
Par Marek Zielinski
Recherche de Luz Garcia de Zielinski
Le poids des mots – cette expression est connue de tous. On reconnaît sa justesse, on y souscrit, mais rares sont les moments dans la vie de Monsieur et Madame Tout le Monde où ce poids peut devenir réellement écrasant. Un événement traumatisant est par définition celui qui est indicible, que les mots à notre disposition ne font que trahir, dissimuler, affaiblir ou carrément annihiler.
Peggy et Simon Nkunga Ndona ont fui leur Congo d’origine pour sauver leurs vies et celle de leur fils aîné, Adoration. Ils se sont retrouvés au Brésil, sans vraiment choisir ce pays ; cette porte s’est ouverte avant les autres, c’est tout. Leur deuxième enfant, Sophie, y est née et a obtenu la citoyenneté brésilienne. La vie au Brésil a été dure, sous le signe de l’insécurité et de la violence, dans une des favelas (bidonvilles) de São Paulo. Le couple prend alors la décision d’emprunter la Route de la mort, qui passe par onze pays pour aboutir au Canada, dans notre province du Québec. Peggy a fait ce parcours de près de 20 000 km en étant enceinte, en plus de prendre soin de ses deux enfants en bas âge.
Leur périple s’est achevé seulement pour laisser place à un autre, plus sinueux encore, où le regard des autres revêt une importance primordiale. Ils demandent l’asile politique, la seule décision rationnelle étant donné leur situation. Benjamin naît à Montréal, et obtient la nationalité canadienne. Trois enfants, trois citoyennetés différentes : congolaise pour Adoration, brésilienne pour Sophie, canadienne pour Benjamin. Et les parents poursuivent leur route dans une situation légale précaire, avec seulement leurs paroles et quelques documents sauvés in extremis durant leur exil, pour défendre leur cas devant le commissaire de la Section de la protection des réfugiés.
Le poids des mots – on y revient, comme dans un cauchemar…
À suivre