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Samedi, 02 novembre 2024

Renée Caron: sur ma vie, j’écris ton nom

Par Marek Zielinski
Recherche de: LUZ Garcia de Zielinski

Il y a des gens pour qui le célèbre éloge de la liberté de Paul Éluard semble avoir été écrit. Parmi les valeurs essentielles, la majorité place la liberté en haut de leur liste, mais combien accordent leurs actions, leur philosophie de vie avec ce principe ? Peu, car c’est un engagement de tous les instants, qui exige de la vigilance et de la créativité. Laissez-moi illustrer ce que j’avance par un exemple éloquent d’une femme libre et engagée.

Renée Caron est née à Lasalle, a vécu à Verdun et y travaille actuellement. Elle est directrice d’Amalgame Montréal Inc., un organisme voué à – je cite un extrait de leurs objectifs énoncés sur leur site web : « permettre à des personnes ayant des limitations physiques et éloignées du marché du travail d’avoir une activité de jour reproduisant le travail, de sortir de l’isolement et de s’impliquer dans leur milieu ».

La façade de l’entreprise Amalgame, rue Bannantyne

Titulaire d’un BAC en administration, Renée dirige cet organisme depuis plusieurs années. Accueillant des personnes avec des limitations physiques de toute l’Ile de Montréal, Amalgame  leur offre un cadre qui reproduit le mieux possible le marché du travail. Chacun y travaille selon ses capacités et ses forces dans la complémentarité pour offrir les services d’assemblage, ensachage et emballage. Aujourd’hui, Amalgame doit trier ses clients, tant il est sollicité, grâce à la qualité du travail offert. Il nous reste de souhaiter que ce concept, ayant fait ses preuves à Verdun, se répande partout dans la province.

La pandémie a changé les conditions de travail. Renée, et son équipe, a pris toute une série de mesures adaptatives : les heures du travail ont été ajustées pour créer une rotation d’équipes et réduire ainsi la présence simultanée du personnel sur place ; les formations centrées sur la communication ont été données pour réduire les éventuelles tensions, etc.

La liberté totale n’existe pas, il y a toujours de paramètres qui s’y attachent…

Cette adaptabilité est autant un exercice de la créativité que de la liberté. La liberté totale n’existe pas, il y a toujours de paramètres qui s’y attachent – vivre librement, c’est intégrer ces paramètres, trouver autant d’espace que possible dans leurs limites. Confrontée à une maladie, le diabète, dont elle a reçu le diagnostic il y a six ans, Renée prend l’engagement de ne pas accepter la dépendance aux médicaments. Elle adapte son style de vie, pratique régulièrement des activités physiques, repense son alimentation, et vit aujourd’hui en totale contrôle de sa santé. Liberté, encore et toujours. Un autre exemple : face à l’interdiction de voir sa mère dans une résidence, elle se débrouille pour faire du bénévolat à la cuisine, et ainsi pouvoir rendre visites à sa maman. Des gens comme ça, j’aimerais en voir plus au pouvoir ! Il ne s’agit pas d’une boutade, loin de là.

Amalgame tente de reproduire les conditions réelles du marché du travail pour permettre aux personnes avec des limitations physiques de bâtir leur confiance, découvrir leurs forces. C’est une expérience sociale qui a fait ses preuves, il serait intéressant d’appliquer ses méthodes sur l’ensemble du marché du travail, miser sur les relations humaines, adapter l’environnement à leurs besoins, assouplir les horaires et procédures. Peut-être que le temps de pandémie est cette occasion en or pour tenter de remettre l’humain au centre du travail, même au prix d’une légère baisse de la sacro-sainte productivité.

Même au repos ou en vacances, « il serait intéressant d’appliquer les méthodes apprises chez Amalgame sur l’ensemble du marché du travail ».

Pour la rubrique : « Chapeau  aux gens et aux lieux de ma communauté ».


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