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Vendredi, 26 juillet 2024

Qu’est-ce l’art ? – C’est la faute à Robert !

Texte de Marek Zielinski
Recherche de Luz Garcia de Zielinski

La première fois que le nom de Québec a raisonné dans mes oreilles est dû à un artiste – Robert Charlebois a mis la belle province, celle qui se souvient, sur la carte du monde… pour moi. Sa brève visite en Pologne en 1970, au Festival de la chanson de Sopot, juste le temps de conquérir le public et de rafler le Grand Prix, est restée dans ma mémoire durablement. Surnommé affectueusement mufka (manchon) en raison de sa chevelure bouclée et abondante, Robert Charlebois m’a inspiré d’aller à la bibliothèque et de trouver des ouvrages sur le Québec et d’apprendre qu’on y parle le français, la langue qui a commencé à exercer sur moi une profonde fascination. Six ans après, les Jeux olympiques ont rempli ma tête d’images et de rêves. Et quelques décennies plus tard, me voilà ici – la boucle est bouclée.

Qu’est-ce l’art ? Quelle est sa fonction, dans notre vie et dans la société ? Les définitions abondent, mais l’art leur échappe inévitablement. Et tant mieux, une part de mystère est inscrite dans son ADN. Même si le résultat final est souvent matériel, à l’exception notable de la musique, la démarche qui y mène relève plutôt d’un désir, d’une pulsion à transcender notre quotidien, notre physicalité; à sublimer nos limites, à extraire ce qui nous unit. Paradoxalement, l’art véhicule des identités souvent diamétralement différentes, fruit de la géolocalité, des climats variés, des langues diverses. Mais, en même temps, exprime ce qui nous est commun.

La célèbre photo canadienne de Winston Churchill qui a récemment été glissée dans un hôtel d’Ottawa et remplacée par une copie. Churchill aurait suggéré que gagner ou perdre la guerre n’avait aucune importance. La culture est la plus complète et profonde expression d’une civilisation. (Source Toronto Star.)

En plein effort de guerre, Winston Churchill a alloué un budget significatif à l’art et à la culture en général. Face aux reproches, il a répondu que sans cette culture, sans cet art qu’il nous incombe de défendre, gagner ou perdre cette guerre n’aurait aucune importance. La culture est la plus complète et profonde expression d’une civilisation.

Le 15 avril nous avons célébré, sans le savoir, la journée mondiale de l’art. Sans le savoir, car sans aucun effort de notre part. L’art fait si intimement partie de notre vie, que sa présence échappe à notre radar. Une chanson à la radio, un film à la télé, un bouquin lu entre deux stations de métro – l’art est partout, disponible et accessible comme jamais auparavant durant l’histoire de l’humanité.

La meilleure façon de célébrer l’Art serait peut-être de s’en priver pour toute une journée, pour constater le poids de son absence. Notre vie serait réduite à sa plus simple fonction corporelle, même sans nourriture (ne dit-on pas l’art culinaire, n’est-ce pas ?). Franchement, j’espère ne jamais devoir arriver jusque là. Consommer de l’art est bien, en faire est encore mieux. Dans les pages de notre revue, l’art tient une place de choix et nous soulignons avec fierté ses manifestations, aussi modestes qu’elles soient, car les liens qui nous unissent sont faits de ces coups de pinceaux, de ces envolées lyriques, de ces notes qui embellissent notre quotidien. Aux arts, citoyens!

Les portraits de 51 vétérans américains déployés entre 2001 et 2009. (Source Musée canadien de la guerre)

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