Les Sommets sur le Fleuve IV de L’Île-des-Sœurs sont fin prêts à affronter la transition vers les véhicules tout électriques
Par Carole Pelletier
Bâtis en 2005, les Sommets sur le Fleuve IV sont une tour d’habitation de 23 étages qui compte 173 unités de condo. Depuis le 28 juin, elle a complété son infrastructure globale et offre à ses copropriétaires la possibilité d’installer le câble et la borne de recharge de leur choix lorsqu’ils ont un véhicule électrique. Vingt copropriétaires se sont depuis prévalus de l’offre.
Contexte d’un tel projet
En novembre 2020, le ministre de l’Environnement, Benoît Charette annonçait qu’au Québec, à partir de 2035, on ne pourrait plus acheter de nouveaux véhicules à essence. Seuls les véhicules entièrement électriques ou hybrides rechargeables seraient permis dans le marché du neuf. Ceci fait partie de la stratégie de lutte contre les gaz à effets de serre, alors que la proportion de ceux-ci attribuée au transport est estimée à 42 %.
Est-ce la seule motivation ? Au 30 juin 2022, 149 729 véhicules électriques circulaient sur les routes du Québec : cinquante-huit pour cent de ceux-ci étaient entièrement électriques, contre 42 % d’hybrides rechargeables. Ce nombre de véhicules québécois constitue 44 % du parc canadien. Est-ce beaucoup ? Ces véhicules représentent à peine 2 % des véhicules québécois, mais ils sont en progression constante en dépit des retards de livraison. En effet, les délais pour obtenir un véhicule électrique neuf peuvent aller jusqu’à deux ans. L’Association des véhicules électriques du Québec en prévoit 600 000 pour la fin 2026 et 1,5 million pour la fin 2030 (*).
Donc, des chiffres à considérer ! Les véhicules électriques et leurs bornes sont une réalité. Si l’exercice est relativement simple pour les maisons unifamiliales ou les multiplexes, il devient complexe pour les grandes tours d’habitation dans lesquelles une telle infrastructure n’a pas été prévue.
Comment faire ?
Le Conseil d’administration, accompagné par Mme Josée Drolet, de la firme Gestior inc., et gestionnaire des Sommets sur le Fleuve III et IV depuis deux ans et demi, a mis en place et vécu toutes les phases du projet. Jusqu’au début 2021, cinq propriétaires de condo avaient déjà fait installer des bornes de recharge ; ils avaient obtenu l’autorisation requise pour une l’installation de contrôleurs de charge dans la salle électrique commune et de câbles et bornes dans leur espace de stationnement.
Toutefois, tant pour la gestion que pour les copropriétaires, le projet s’est rapidement imposé comme incontournable. La demande pour de telles installations ne pouvait que croître et devait être répondue de manière plus adéquate. La motivation pour les copropriétaires ? Évidemment, le besoin croissant et, même pour ceux qui ne pensaient pas à se procurer un véhicule électrique dans un avenir prévisible, la mise en place de l’infrastructure requise devenaient un atout dans le positionnement sur le marché de Sommets sur le Fleuve IV.
Côté copropriété, il faut savoir qu’une salle électrique – et parfois deux dans certaines tours comme c’est le cas aux Sommets sur le Fleuve IV – est une propriété commune. Toute modification et les coûts afférents sont portés par l’ensemble de la copropriété et requièrent 75 % d’adhésion au projet. Les câbles et les bornes elles-mêmes sont des propriétés individuelles et installés au fur et à mesure qu’ils sont requis par les copropriétaires.
En février 2021, un moratoire sur les installations de câbles et bornes est déclaré, le temps de déterminer la stratégie, d’obtenir l’autorisation des copropriétaires pour les travaux aux parties communes et de procéder à l’installation de l’infrastructure.
Le 22 novembre 2021, le projet est présenté à l’assemblée des copropriétaires et reçoit l’aval requis. Le 23 décembre, l’entrepreneur est choisi. Le 14 mars 2022, les travaux aux parties communes commencent. Le 28 juin, l’installation est terminée et, sur demande, les copropriétaires peuvent maintenant se prévaloir de bornes électriques pour leurs véhicules.
À quoi cela ressemble-t-il ?
Dans la salle électrique, les compteurs électriques individuels classiques jouxtent les dispositifs de contrôleurs de charges (DCC) pour les bornes électriques. Chaque copropriétaire a les siens, ce qui permet la facturation individuelle via son compte d’électricité. Puisque certains compteurs se retrouvent dans la salle électrique du 23e étage qui dessert les condos des 18e au 23e étages et qu’il est impossible de les relier par un câble DCC, des panneaux intelligents sont installés à la salle électrique principale et raccordés sur le service de l’immeuble. Ces panneaux intelligents permettent d’obtenir la consommation de chaque borne, qui y est raccordée, et d’ainsi facturer les résidents concernés.
Dans le stationnement, des chemins de câbles sont installés au plafond. Ils mènent les câbles de la salle électrique aux places de stationnement, évitant ainsi l’anarchie. Les câbles sont installés au fur et à mesure que les bornes sont requises par les copropriétaires.
Et les coûts ?
La portion des travaux aux parties communes, principalement la salle électrique et les chemins de câbles, font l’objet d’une cotisation spéciale et représentent en moyenne de 3000 à 4000 $, en fonction de la quotepart de chaque copropriété (basée sur la valeur proportionnelle de celle-ci). Les coûts de câblage de la salle électrique aux emplacements de stationnement, ainsi que les bornes, sont estimés entre 2000 à 10 000 $ et sont assumés directement par les copropriétaires au moment où ils le désirent. C’est la distance à parcourir et le modèle de borne qui en déterminent le coût ; les prix des câbles et leur installation sont élevés.
(* Les statistiques citées dans ce paragraphe proviennent de l’Association des véhicules électriques du Québec.
