Marek Zielinski
Le chemin n’existe pas, il est fait par ceux qui le tracent – ceci est vrai dans chaque domaine : ça prend de pionniers, de défricheurs. Le confinement et les restrictions en vigueur actuellement nous ont fait presque oublier à quel point Verdun est un endroit vibrant, culturellement stimulant, offrant toute une panoplie d’activités. L’histoire que j’ai envie de vous raconter parle justement de ces fous qui osent. Cette histoire fait partie de ma vie, car ces fous dont j’ai envie de parler, ce sont ma femme Luz et son frère Gabriel Garcia.

L’oreille de van Gogh – ces mots ne vous disent peut-être rien, à part d’évoquer un acte de folie commis par l’un de maîtres de la peinture. Pour moi par contre, rien qu’à les entendre mon cœur bat la chamade et mon regard se brouille. C’était une aventure humaine qui a changé des vies, les nôtres, et celles de ceux qui ont franchi le seuil de Café-galerie L’oreille de van Gogh. Y entrer, c’était comme passer dans un autre monde, celui de l’art, du partage, de la découverte, de l’inclusion totale. On se sentait comme Alice de l’autre côté de miroir.
Il n’y a pas si longtemps, la Well n’était qu’une suite de restos fast-food, de dépanneurs, de pawn-shops ou encore de locaux vides. L’un de ces locaux appartenait à Hugo Arsenault, un avocat avec une passion pour la construction et la rénovation. Situé au 4800, le lieu était dans un état de délabrement avancé – ça prenait beaucoup d’imagination pour le voir devenir un Café-galerie grouillant de monde.
Je vous épargne les détails de la longue mise en état du local ; je vous fais grâce de coups de marteau sur les doigts, de la peinture dans les yeux, du dos brisé par des heures passées à genoux pour polir le plancher, car tous ces efforts valaient la peine largement quand un beau jour d’octobre 2003, le café-galerie a été inauguré. Avec pompe, j’aimerais dire, mais, faute de moyens et avec un internet encore en couches, nous nous sommes démêlés pour réunir une petite foule respectable, hétérogène, bohème et assoiffée de culture.

La soirée s’est déroulée sous la présidence de l’un des monuments de l’art québécois, canadien et mondial : l’immense Armand Vaillancourt. Il a prononcé quelques mots que je serai incapable de citer, tant nous étions émus par sa présence. La ville, dont le soutien était constant et significatif, a embarqué dans cette aventure dès le début. Et c’est notre cher et incontournable, dans le meilleur sens du terme, Alain Laroche, qui a coupé le ruban rouge pour déclarer l’ouverture de L’oreille.
Ce qui a suivi se fonde dans mon esprit en une longue soirée de musique, d’accolades, d’échanges. Très tôt, nous avons compris que le lieu a rencontré son public, qu’il comblait un besoin, qu’il marquait la fin d’une époque et incarnait une nouvelle. Mais, ceci est une autre histoire que je vous conterai dans la suite, avec une multitude d’anecdotes et de rencontres mémorables. À bientôt donc !
Pour la rubrique « Chapeau aux gens et aux lieux de ma communauté »