L’entrée dans l’urbanité :
Structures métropolitaines et Mies Van Der Rohe
mènent la charge (2)
Texte de Marcel Barthe
C’est à partir de 1968, que Structures métropolitaines de Chicago (SMI) et de son architecte vedette, mondialement connu, que démarre l’aménagement de l’île, jusqu’alors lieu champêtre et pastoral. Mies Van Der Rohe, architecte allemand émigré aux États-Unis devant la menace de fermeture par Hitler de la célèbre école du Bahaus, dont il fut le dernier directeur, s’impose depuis parmi les grands maitres de l’architecture contemporaine.
Acteur majeur du courant moderniste où « less is more », il réalise de nombreux édifices louangés, tant en Europe qu’en Amérique, dont le Seagram Building à Manhattan et le Westmount Square à Montréal.
À l’île, on lui confie, avec des collaborateurs (voir article du 24 octobre 2024), le développement des premières phases. En différentes étapes, trois édifices résidentiels en hauteur (rues Corot et de Gaspé), de même que des maisons plus basses en rangées formeront un grand cercle urbanisé autour d’un noyau collectif, d’abord communautaire (centre communautaire, piscine, tennis, etc.) puis commercial (épicerie, succursale bancaire et autres), entouré de verdure, s’inspirant du concept de cité-jardin.
Philippe Lupien, architecte et professeur à l’UQAM, affirme dans le journal METRO du 16 avril 2014 que ses trois tours d’habitation rendent jalouses les plus grandes villes. « Toutes les villes dans le monde rêvent d’avoir des tours de Mies Van der Rohe. »
À quelques pas de là, une station-service unique verra le jour. À la cérémonie d’ouverture, le patron d’Imperial d’Esso pour le Québec, Denis F. Kinderllan, dira : « La station-service n’est pas un luxe. C’est un besoin de la vie moderne. Mais ce qui satisfait un besoin ne dit pas nécessairement être terne et morne. Ce peut être aussi une œuvre de beauté qui permet de tirer plus de satisfaction de la vie quotidienne. » (1)
Enfin, un golf complètera l’offre de services.
En dix ans (1968-1978), il se construira plus de 3000 unités locatives sur l’île, en plus d’équipements collectifs.
Mais la situation économique et sociale change au milieu des années 70. Le modèle de développement de l’île bat de l’aile. Il faut envisager une autre approche pour relancer ce territoire tant rêvé. À suivre.
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(1) Lacoursière, Jacques, L’Île-des-Sœurs, d’hier à aujourd’hui, Les Éditions de l’Homme, Montréal, 2005, p. 149