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Dimanche, 26 janvier 2025

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Lente implosion sur fond de départs

Revue de presse – Félix Lacerte-Gauthier, Agence QMI. Photo Joël Lemay / Agence QMI

Les départs se succèdent au sein de Mouvement Montréal depuis l’annonce de sa fusion avec Ralliement pour Montréal : huit candidats ont quitté le navire jusqu’ici. En coulisse, plusieurs remettent en question la crédibilité du chef, Balarama Holness. 

« Tout le monde est dans la peur, tout le monde se tait. Cette fusion-là, ça a été horrible, et si c’était possible ils auraient tous quitté », a confié en entrevue l’ex candidat Jean-Pierre Boivin, en parlant des anciens de Ralliement encore avec Mouvement Montréal.

Pour rappel, les deux partis avaient annoncé leur alliance le 30 septembre dernier, environ 36 h avant la date limite du dépôt des candidatures. Cela, alors que des points de divergence importants existaient entre eux.

C’est en marge d’une annonce sur l’habitation en juillet dernier, en entrevue avec l’auteur de ces lignes, que Balarama Holness avait soulevé pour la première fois l’idée de faire un référendum pour la langue de Montréal.

De son côté, Marc-Antoine-Desjardins avait fait de la protection de la langue française le premier point de son programme électoral avec Ralliement pour Montréal.

Néanmoins, dans la dernière semaine de septembre, les deux chefs se sont entendus sur une alliance dont leurs candidats ont pu prendre connaissance le matin même de l’annonce.

Balarama Holness aurait alors promis qu’il ne toucherait pas à la Charte de Montréal, qui stipule au premier point que «Montréal est une ville de langue française».

M. Holness a cependant soulevé la consternation chez les anciens de Ralliement, en réitérant le 12 octobre son idée de tenir un référendum sur la langue, ce qu’ils ont appris le jour même. Au cours du même point de presse, M. Holness a également indiqué qu’il couperait le budget de la police Montréal, une autre source de divergence entre les deux partis. Les deux annonces ont été perçues comme une trahison.

«Une fois qu’il a eu le contrôle des candidatures, il est revenu sur ses paroles», a dit une source anonyme, qui estime que cette décision a fait perdre toute crédibilité à M. Holness.

Quelques jours plus tard, c’est Marc-Antoine Desjardins, co-chef du parti qui a claqué la porte de Mouvement Montréal. M. Holness a alors indiqué que son départ s’expliquait par les «divisions politiques» qui existaient.

Jean-François Cloutier, qui a été le premier à partir, n’est pas surpris de la tournure des événements en raison des divergences d’opinions. Pour lui, l’alliance a été à sens unique.

«[M. Holness] a recruté des membres sur cette plateforme-là et il ne pouvait pas les désavouer, a-t-il souligné. Il ne pouvait pas renier cette idée-là qui l’avait porté comme candidat. »

Appelé à réagir, le chef de Mouvement Montréal a parlé de « vieilles nouvelles ».

« Ils n’ont aucun rapport dans l’équation », s’est fâché M. Holness, vendredi, à propos des anciens de Ralliement. Dans un même souffle, il a demandé qu’on se concentre sur sa campagne en cours, avant de raccrocher la ligne.

Pas de dissidence possible

Pour les anciens de Ralliement maintenant en lice avec Mouvement Montréal, deux options se présentent: continuer ou se désister. Impossible de prendre ses distances d’un parti pour devenir indépendant, puisque la date limite du dépôt des candidatures est passée.

Et la dissidence peut être sévèrement punie par le chef, qui a un contrôle absolu sur les candidatures. Une expérience vécue par M. Boivin. Candidat dans le district de Champlain- L’Île-des-Sœurs, dans l’arrondissement de Verdun, il a annoncé le 13 octobre qu’il souhaitait s’éloigner de Mouvement Montréal pour devenir indépendant une fois l’élection passée. Le parti a toutefois retiré sa candidature deux jours plus tard.

« Quand j’ai parlé à [M. Holness] le mercredi, il m’a dit: “ je comprends ta position, pas de problème ”. Et le vendredi, il m’évince du parti. Seigneur, il me ment en pleine face », a dénoncé M. Boivin, qui ne digère toujours pas son retrait de la liste de candidats.

Tant pour Jean-Pierre Boivin que pour d’autres sources consultées pour ce reportage, il est certain que d’autres candidats souhaiteraient se distancer du parti, mais craignent les répercussions. Plusieurs attendraient après les élections pour passer à l’acte.

Les allégations des anciens de Ralliement s’ajoutent également à la sortie récente contre M. Holness de deux de ses anciennes associées, qui ont travaillé avec lui à son OBNL Montréal en action. Celles-ci s’étaient exprimées dans un reportage de la CBC.

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