Groupe Maurice passe aux mains des Américains
Le fonds immobilier américain Ventas allonge deux milliards $ et devient l’actionnaire majoritaire du Groupe Maurice, un des plus gros joueurs de l’industrie des résidences pour retraités. La Caisse de dépôt a refusé de mettre la main sur cet autre fleuron québécois vendu à l’étranger.
« Oui, j’ai parlé à la Caisse de dépôt, a confirmé en entrevue Luc Maurice, président et fondateur de l’entreprise. J’ai senti qu’il n’y a pas l’expertise, et c’est un secteur où ils n’ont aucune activité. »
Le fonds Ventas, établi à Chicago, met donc la main sur 85 % du parc immobilier du Groupe Maurice, évalué à 2,4 milliards $.
Un porte-parole de la Caisse a confirmé que des pourparlers ont eu lieu.
« On a regardé différentes solutions. Et finalement, il n’y avait pas de solutions qui satisfaisaient à la fois les besoins du Groupe Maurice et ceux de la Caisse pour ses déposants », a précisé Maxime Chagnon.
Le fondateur du groupe, Luc Maurice, détient toujours 15 % de la division immobilière de l’entreprise. Il garde aussi la mainmise sur les divisions de gestion et développement, auxquelles est rattachée la quasi-totalité des 2000 employés du groupe.
« Oui, ma participation est moindre avec cette entente, mais c’était le prix à payer pour que la compagnie survive. Je n’ai pas choisi le meilleur offrant. J’ai choisi Ventas parce que c’était le meilleur groupe pour nous permettre de continuer d’offrir un service de qualité à nos résidents », a défendu le propriétaire de 34 résidences.
Avant l’entente annoncée lundi, Luc Maurice possédait 19 % de la division immobilière du groupe qu’il a créé en 1998. Le reste était détenu par le groupe immobilier québécois Ipso Facto, administré par la famille [Urgel] Bourgie. Ipso Facto avait récemment lancé un ultimatum à Luc Maurice : soit il lui vendait ses parts dans l’entreprise, soit il rachetait les siennes.
Inévitable
Selon Luc Maurice, il était inévitable qu’une partie de son entreprise passe aux mains d’investisseurs étrangers.
« Il faut savoir que les résidences de personnes âgées sont de très gros bâtiments qui coûtent très cher à entretenir. Contrairement aux divisions de gestion et développement, ce serait impossible de s’en occuper seul. Il faut donc absolument avoir un partenaire qui a les reins solides », a expliqué l’entrepreneur québécois, qui se concentre sur le marché de résidences privées de luxe.
Les complexes immobiliers du Groupe Maurice comprennent généralement entre 300 et 400 unités de résidence. Avec la population vieillissante, il s’agit d’un secteur en pleine expansion. À l’heure actuelle, 20 % des aînés optent pour ce type d’habitation.
– Avec la collaboration d’Étienne Paré