À l’occasion de la Journée mondiale du don d’organes et de la greffe qui sera soulignée le dimanche 17 octobre, je tenais à vous partager le touchant témoignage d’une insulaire qui est vie grâce à la générosité d’une personne qui avait signé sa carte de don d’organes.
Isabelle Shamlian a littéralement lutté pour sa vie pendant près de deux ans. Avant d’avoir un foie compatible, elle a vécu l’épreuve insupportable de l’attente. Depuis sa greffe, elle pose des gestes concrets pour que les patients aient un meilleur soutien psychologique pendant cette période difficile. Et, à L’Île-des-Sœurs, elle honore son donneur, sa famille et la vie à chaque fois qu’elle prend une marche au cœur de la nature.
Sur notre belle Île-des-Sœurs, nous avons toutes et tous pris l’habitude de nous promener sur les magnifiques sentiers aux points de vue paradisiaques, en admirant la faune et la flore changeante, au fil des saisons.
D’ailleurs, ces dernières années, plusieurs insulaires ont réappris à admirer ce cadeau de la nature, permettant ainsi de mieux vivre les défis d’envergure qui nous ont touchés et transformés depuis l’arrivée de la pandémie.
Pour ma part, je peux affirmer que dans toute circonstance, aussi difficile soit-elle, je reconnais quotidiennement la chance extraordinaire que j’ai de pouvoir continuer à vivre des moments d’admiration devant le privilège que nous partageons.
Avant 2018 et depuis l’âge de 16 ans, je me battais contre une maladie, me causant la formation exagérée de pierres dans mes petites voies biliaires. J’ai subi une dizaine de chirurgies majeures ainsi que d’innombrables interventions invasives et douloureuses afin d’en venir à bout. Je travaillais à temps plein aux ressources humaines de la Ville de Montréal, plus spécifiquement auprès du Service de police de la Ville de Montréal lorsque que mon foie s’est mis à se détériorer à une vitesse fulgurante, me laissant en douleurs, hospitalisée aux 2 semaines pour une durée de 10 jours à la fois, les yeux et la peau jaunis par la cirrhose qui me tuait.
J’ai été en invalidité pour une période de 4 ans et demie. J’ai attendu 22 mois un appel qui tardait, alors qu’en moyenne, l’attente pour un foie est de 3 à 6 mois. J’ai fait deux septicémies ; mon corps n’en pouvait plus et s’éteignait rapidement. À deux reprises, j’ai reçu la nouvelle qu’un foie était disponible. Malheureusement à ces 2 occasions, il m’a été annoncé l’horrible nouvelle: le foie n’était pas compatible avec mon petit corps.
J’ai résisté à la tentation de mettre fin à mon calvaire plusieurs fois jusqu’au jour où j’ai reçu la bonne nouvelle, alors que j’étais hospitalisée, la mort à ma porte. Un 3e foie compatible était finalement disponible!
J’ai été greffée en 2018, grâce à la générosité d’une personne qui avait signé sa carte de don d’organes et qui est décédée dans un accident. Sa famille aurait pu refuser de respecter son choix de donner ses organes à son décès, comme 37% le font pour des raisons émotives ou religieuses. Cette famille a fait preuve d’une générosité hors du commun, malgré sa tragédie, son choc et le deuil qu’elle vivait. Elle m’a sauvé la vie, sans contredit.
Aujourd’hui, lorsque je marche sur le bord de l’eau sur notre île, je prends des photos et parfois, je les partage sur les réseaux sociaux, comme pour rendre hommage à mon donneur, sa famille et la vie. De cette manière, j’espère pouvoir rappeler à mon entourage que la vie est un privilège qui doit être savourée et respectée à tout moment.
SVP, signez votre carte de don d’organes et parlez-en à vos proches. C’est très important de se rappeler qu’il pourrait s’agir de votre conjoint, votre frère ou sœur, votre enfant, ayant aussi, un jour, besoin d’être sauvé par un don d’organe.
– Isabelle Shamlian.
Merci Isabelle Shamlian!
Merci, chère insulaire pour la confiance témoignée avec ton touchant partage.
À chacun qui aura pris le temps de lire ce texte jusqu’au bout, voici 2 liens pour obtenir de l’information détaillée et faire votre choix en conscience : À l’attention des donneurs, des familles et des proches (Héma-Québec) – Comment officialiser son consentement (RAMQ).
