Ahmed Chetioui
Collaboration spéciale
Nous vivons pleins de débats, voire des polémiques, concernant nos ainés.
Après avoir entendu ou lu plusieurs interventions de journalistes, de représentants gouvernementaux et même d’acteurs de la scène publique, le devenir de nos ainés qui ont choisi d’aller en résidence privée est et restera toujours un sujet d’actualité.
La question que j’ai toujours posée aux futurs résidents, alors que j’avais la charge d’une résidence privée pour ainés (autonomes) était : « que cherchez-vous en choisissant notre résidence ? »
La réponse que j’avais alors – et que j’ai encore aujourd’hui -, est : « la sécurité, la socialisation et une fin de vie digne et douce dans leur appartement, entouré de leurs proches ».
Mais est-ce la réalité ? Les dirigeants, les propriétaires de ces résidences, accèdent-ils à ces demandes ? Je ne pense pas. Je dirais même « pas du tout ». Les valeurs de liberté, de choix et d’humanisme, prônées lors de la première rencontre avec le responsable de la location, sont vite reléguées aux oubliettes quand le résident perd son autonomie et nécessite plus de soins. Il est dans l’obligation de quitter son appartement, son domicile, voire la résidence, si son niveau de soins dépasse l’offre de cette dernière.
Des solutions peuvent être proposées ; il ne suffit que d’un peu de bonne volonté de la part des dirigeants des résidences privées et des instances gouvernementales (par le biais du crédit d’impôt… qui est pour l’instant insuffisant). Le maintien à domicile avec la mise en place de soins, prodiguées par l’équipe soignante de l’établissement (si cette dernière est présente), par les équipes de soins à domicile privées ou par des soignants du CLSC. Le tout peut s’organiser aisément avec l’aide de la famille du résident. Tout ceci amènerait un désengorgement de l’hôpital et diminueraient les hospitalisations.
Il m’arrive, dans ma fonction de gestionnaire de résidences pour personnes semi-autonome, voire en perte d’autonomie plus ou moins sévères, d’être le témoin de la détresse d’enfants et de proches d’ainés(es) qui se trouvent démunis et obligés de faire des choix qui ne les enchantent guère, de déménager leurs parents d’un endroit familier vers un établissement parfois imposé, car les places deviennent rares avec le vieillissement de la population et le rallongement de l’espérance de vie.
Nous pourrions malheureusement débattre de cette situation pendant des décennies. Mais devant le peu de solutions proposées aux ainés et à leurs proches, nous devons avant tout nous questionner sur la qualité de vie que nous leurs devons. Certains gestionnaires dont je fais partie croient en la continuité des soins ou plutôt de vie. N’attendons pas les actions gouvernementales ! Certains groupes privés qui gèrent des RPA (résidence privée pour ainés) ont largement les moyens de réaliser le rêve de nos ainés. Celui-ci est de vivre et mourir, chez eux, dignement.