Par Marek Zielinski
Recherche de Luz Garcia de Zielinski
Une touche à tout inspirée
Verdunoise depuis plus de 40 ans, Lorraine Laurinaitis est tombée en amour avec notre arrondissement quand elle a pris un emploi d’infirmière à l’Institut Douglas en 1981. Ayant été sensibilisée à la problématique de la santé mentale, Lorrie, comme l’appellent ses proches, développe la pratique de l’art comme une exploration de soi, de ses propres abîmes pour établir et maintenir un équilibre interne. Son parcours l’a amenée à explorer plusieurs techniques, allant du macramé au vitrail, en passant par la mosaïque de verre sur les meubles, la confection de marionnettes et même le chant classique ! Aujourd’hui, elle se concentre essentiellement sur la peinture acrylique et le collage.
Créer pour combattre le chaos
Ses tableaux contiennent et déclinent sur différentes tailles et couleurs le motif circulaire, inspiré de mandala tibétain, que Lorraine a exploré au début de son aventure avec la peinture. On peut y voir une aspiration mystique à la perfection, une tentative d’organiser le chaos, les forces brutes de la vie. L’idée de l’infini n’est pas loin également, un cercle n’ayant ni début ni fin, il est un univers en soi. Dans ses tentatives de la représentation figurative, Lorraine évoque l’influence de Modigliani, un peintre dont la découverte l’a fortement influencée, notamment dans la manière de réduire les visages humains à leur plus simple présentation, tout en gardant leur pouvoir d’expression intact.

Dans ses collages, Lorraine a créée une série de cœurs faites de cravates et de broches anciennes. Deux objets a une connotation identitaire forte, l’un de la masculinité, l’autre de la féminité, qui, combinés ensemble, acquièrent une dimension nouvelle, évoquant l’harmonie si désirée, rarement atteinte, de deux sexes.
L’art et sa vraie dimension sociale
Lorraine se dit elle-même victime d’une pulsion irrésistible qui la pousse à orner d’une de ses toiles tout mur vide qui se dresse devant elle ! Cette douce manie a permis aux résidents de la résidence Yvon Brunet, où Lorraine a travaillé durant la pandémie comme infirmière, de côtoyer quotidiennement son univers coloré. La joie et l’étincelle de bonheur que Lorraine détecte dans leurs yeux constituent pour elle la meilleure des motivations dans la pratique de son art. C’est précisément dans ce contact quotidien avec l’art que se situe sa force. Un dialogue s’établit inévitablement et nourrit autant l’art que celui qui le contemple.

La passion de l’art, découverte durant l’enfance et qui l’accompagne toujours, permet à Lorrie, cette Lithuanienne fière de ses origines, de bâtir un style reconnaissable, d’avoir une voix unique et de la faire entendre à travers ses œuvres.