Texte Marek Zielinski
Recherche Luz Garcia de Zielinski
Photos de Charles An Marcotte
Une chanson, ce n’est pas que les paroles et la musique. C’est un moment suspendu, flottant dans le temps, propice à l’inattendu. La marque des grands chanteurs-compositeurs est cette faculté à devenir une courroie de transmission entre cet ailleurs d’où tout provient et le présent. Des moments comme ça, Bruno René, 26 ans, un Verdunois de naissance, en a déjà connu quelques-uns. Muni de sa guitare (une Art et lutherie, de fabrication québécoise), de sa voix qu’il utilise comme un instrument de musique et de sa fantaisie, Bruno dispose déjà d’un répertoire assez impressionnant de chansons. Il faut souligner que sa vocation a été précoce, inspirée et nourrie par sa famille, et particulièrement sa mère, Suzanne Moussette, chanteuse à la voix distincte, qui a suivi un chemin très personnel qui l’a conduite à travers le monde. Dès son jeune âge, Bruno accompagnait sa maman dans ses voyages et s’imbibait de la musique, des sons, des ambiances particulières de concerts. Avec le temps doux, vous allez pouvoir entendre Bruno gratter sa guitare et travailler sur sa chanson en face de chez lui, près du boulevard Lasalle — on vous l’a dit, l’homme est friand de rencontres !
PDA, svp !
Le 13 décembre dernier, Bruno donnait un récital assez intime, devant une centaine des spectateurs, à la Place des Arts de Montréal. L’occasion était rêvée pour présenter son album Sombre passage (ou SombrePasSage) — Bruno adore jouer autant avec les mots qu’avec les notes de musique). Écouter l’album est comme partir en aventure, se perdre un peu, se retrouver, oublier sa destination pour aboutir sur une terre inconnue. Tandis que la guitare plane, vibre, susurre et chuchote, la voix s’envole, brode, s’emballe, se pose, s’envole à nouveau pour nous dire ses peines, ses rêves, ses peurs, ses bêtises.
Que les pieds des enfants
donnent du rythme !
Avec ses yeux bleus à faire fondre les cœurs et sa petite gueule sympathique (je suis sûr qu’il saura apprécier le compliment, lui, le poète !), Bruno a fait un détour par le cinéma et la télé, toujours friands de la beauté. En plus, il a de l’esprit, il sait saisir une idée au vent, la caresser, la détourner grâce à l’improvisation, dont il est fidèle adepte. Ses concerts accueillent l’imprévu comme on accueille un vieil ami. Mettez dans l’auditoire un enfant survolté qui court partout, qui saute sur le piano, Bruno en fera un moment inoubliable de partage, de poésie.
Le concert en question aurait pu devenir cauchemardesque, il s’est gravé dans la tête de Bruno comme un happening impromptu, contenant l’essence même du vrai partage avec son public. À cœur pur, aucune joie ne résiste ! Le mardi 21 mai, vous allez pouvoir vivre en personne cette expérience unique (suivez le lien ci-dessous pour plus de détails). Espérons qu’un show au Quai 5160 — l’appel est lancé — permettra aux Verdunois de découvrir ce talent local.
En écoutant l’album de Bruno, une oreille attentive décernera quelques influences : Jean Leloup rôde par-ci par-là ; le regretté Ferland déferle sa douce folie au creux d’une note ; Bobby McFerrin déploie ses ailes et plane en hauteurs lors d’une vocalise. Le tout reste pertinemment personnel, portant une signature propre : si Bruno écoute et assimile, la puissance de son talent lui permet de créer sa voie/voix unique.
