(Texte Pierre Lussier)
Les réflexions en marge de l’idée de piétonnisation à l’année de la rue Wellington, mettent en lumière les divergences profondes entre ceux qui souhaitent développer une ambiance festive et un lieu de promenade sur la rue et les commerçants qui gagnent leur vie sur la Well et craignent pour la survie de leur commerce si les clients ne peuvent y accéder en voiture.
L’autre jour, une lectrice nous écrivait en reprochant à Explore de favoriser le tout à l’auto. En fait, en consultant les informations recueillies lors du témoignage de Patrick Mainville directeur général de la Société de développement commercial Wellington (SDC), 95 % des membres de la SDC, ils sont 280, sont opposés à la piétonnisation à l’année, car elle leur fait craindre une baisse de clientèle. Ce n’est pas par amour de l’auto, mais en raison des problèmes de déplacement des consommateurs qui cherchent en vain du stationnement et vont préférer la solution facile du centre commercial où on trouve de tout sous un même toit, à l’air climatisé en été et au chaud en hiver.
Puis c’est sans oublier les gens qui ont plus de difficultés à se déplacer à pied, on dit qu’il y a près de 30 % des gens qui ont 65 ans et plus à Verdun. Dave Fontaine de la pharmacie Jean-Coutu affirme dans son témoignage que 50 % de sa clientèle a plus de 50 ans. Selon Dave Fontaine, les gens se font déposer devant la porte de la pharmacie et vont chercher leur prescription. En hiver, la neige et la glace rendent souvent les trottoirs impraticables aussi les gens ne sortent pas selon la collègue pharmacienne du gérant.
À l’origine, un festival de bière
Patrick Mainville, le directeur de la SDC a rappelé dans son témoignage que la première piétonnisation a eu lieu expérimentalement en 2019 avec un festival de bière. Par la suite, la pandémie a mis fin à ce genre d’activités qui est revenu en 2021, tous les étés jusqu’en 2024. Malgré le programme d’aide à la piétonnisation de la ville, la SDC doit débourser beaucoup d’argent et avec le recul, Patrick Mainville estime que la piétonnisation ne convient pas à tous les commerçants, évoquant en particulier les problèmes logistiques de livraison. Patrick insiste plutôt sur des événements comme Cabane, Panache, une cabane à sucre où la rue Wellington est fermée aux voitures seulement du jeudi au dimanche dans un secteur plus limité. Cette année, l’événement se tiendra du 20 au 23 mars. Patrick nous reviendra au printemps sur les projets pendant la belle saison
Robin Simond : une vision réaliste
Le propriétaire et concepteur de Chez Robin marché local, ne sait pas si on va être capable de survivre aux cinq prochaines années. Robin Simond ne veut pas jouer les prophètes de malheur, mais il constate qu’on devrait même repenser la piétonnisation estivale qui d’après lui couvre un trop grand tronçon de la rue Wellington (1,3 km). Selon lui, le secteur de Wellington à la hauteur des avenues se prête mieux à la piétonnisation en raison des nombreuses rues transversales et des ruelles pour la livraison. Ceci dit, il croit qu’on devrait valoriser l’utilisation du stationnement Éthel et son entrée principale sur Wellington.
Un trio dirigé par Gabriel Imbeau a présenté une proposition de piétonnisation de la rue Wellington qui comporte la création d’une Fiducie un peu semblable à l’achat d’un immeuble par le biais de la Fiducie Solides pour le Centre des femmes. Selon Imbeau, le but de sa fiducie serait de calmer le marché immobilier et le prix des loyers en achetant des immeubles semi-commerciaux de gré à gré tout en assurant la piétonnisation avec une aide importante des pouvoirs publics sous forme de subventions. La Ville de Montréal serait mise à contribution, le provincial avec les redevances sur le REM et pourquoi pas le fédéral. Le projet est ambitieux et l’intention est de protéger le commerce local. À quel prix, cette piétonnisation pourrait se faire, on ne le sait pas ?
Pour clore ce texte, votre humble serviteur vous dit en passant qu’il a laissé sa voiture à la maison et qu’il prend le métro assez régulièrement, effectuant aussi de nombreux déplacements à pied dans Verdun. —À suivre