Par Marek Zielinski
Recherche de Luz Garcia de Zielinski
Désormais, les voisins, ça se fête. Depuis 1999, l’idée de célébrer les gens de son quartier fait du chemin. D’une initiative locale, à l’échelle d’un immeuble, lancée par Atanase Périfan, un activiste français devenu par la suite un conseiller de Paris, la fête des voisins se répand comme une bonne nouvelle et arrive chez nous, encore timidement, en catimini. Le 4 juin prochain, quelques actions spontanées et citoyennes tentent de donner un cadre un peu plus structuré (pas trop, sinon on ne parlerait pas d’une fête !) à cet événement pour mieux connaître ses voisins, leur dire combien on les aime et qu’ils peuvent compter sur nous.
Il faut dire que les Québécois n’ont pas attendu 1999 pour célébrer leur quartier et les gens qui y vivent. La configuration de nos logements en ville s’y prête particulièrement bien, avec les galeries devant et les cours en arrière. Ajouter à cela les ruelles, cette invention géniale, pour comprendre que la fête des voisins a tout pour prendre son envol chez nous.
Mais, les voisins, ça se fête comment, se pose alors l’inévitable question. En toute simplicité, tout d’abord. Autour d’une bouffe, pourquoi pas, une boisson à la main, un sourire aux lèvres, le cœur grand ouvert. Avec une envie de partager l’espace et le temps communs ; avec également une saine curiosité, sans virer dans l’inquisition. Des ouvrages sérieux ont souligné l’importance des commérages et des conversations superficielles dans la création de la cohésion sociale. Alors, entamer une conversation par les commentaires sur le temps qu’il fait peut cimenter le tissu social et aboutir en amitiés durables. On dit que dans la vie, on a souvent plusieurs familles – celle de naissance tout d’abord, bien entendu. Jamais parfaite, elle est le premier anneau autour de soi. C’est un clan, lié par le sang, qui regroupe souvent les gens disparates qui ne se seraient pas rencontrés autrement. Puis vient une autre famille, celle qu’on choisit, basée sur les affinités, sur tout ce qu’on peut avoir en commun – des amis. Enfin, il y a les voisins. On ne les choisit pas généralement, les hasards de la vie mettent ensemble des individus dans un immeuble ou sur une rue. Il nous revient d’en faire une vraie communauté, capable de l’entraide et de la compassion. Personnellement, de toutes les expressions signifiant les bons sentiments qu’on éprouve face à l’autre, je préfère celle du genre « on se serre les coudes », ou encore « on prend soin de soi mutuellement ». Il y a une promesse cachée dans ces mots qui m’émeut. Dire « Je t’aime bien » à quelqu’un relève d’un simple constat. « Je veillerai sur toi », avec ça, on passe à la vitesse supérieure, on s’engage à bâtir ensemble un futur qui inclut chaque personne. Le 4 juin, célébrons nos voisins ! Ce qui revient un peu à se célébrer soi-même.