Texte et photographie de Carole Pelletier
Dans les années ’80, les condominiums étaient considérés comme des habitations de luxe. Jusque-là un marché locatif, L’Île-des-Sœurs voyait les Verrières sur le Fleuve devenir les pionnières de ce qui est aujourd’hui une manière de vivre, alors qu’aujourd’hui il y a au moins 16 grands complexes d’habitations en copropriété et, des centaines de regroupements de copropriétés plus petites. En fait, il y a plus de condominiums que de maisons unifamiliales.
À l’époque, il n’existait pas grand-chose en matière législative qui leur était propre. Aujourd’hui, les choses ont bien changé et elles continuent à évoluer.
Jan Towarnicki, nommé personnalité d’affaires de février 2024 par le Réseau d’Affaires Verdun, est bien placé pour parler de cette évolution. Directeur général des Verrières sur le Fleuve depuis 1991, il en a été non seulement le témoin mais, également, un acteur important. Il a présidé, comme Me Yves Joli-Coeur, à la création du Regroupement des gestionnaires et copropriétaires du Québec (RGCQ) en 1999.
Les grands chevaux de bataille étaient et demeurent des lois et normes appropriées à la copropriété ainsi que le savoir et sa diffusion, tant pour les gestionnaires que pour les membres des conseils d’administration et les copropriétaires.
Gérer un ensemble de condominiums comme Les Verrières, c’est un peu comme gérer une ville. On offre les mêmes types de services et la gestion se fait aussi par fonds. De plus, on travaille avec un conseil d’administration qui est constitué de bénévoles et on répond, sur une base quotidienne, aux copropriétaires dont les besoins et la situation spécifiques peuvent varier grandement.
En guise d’introduction, Véronique Tremblay, conseillère d’arrondissement de Verdun, résumait la philosophie de Jan Towarnicki :
« Au-delà des bâtiments, il y a les gens ! »
Et les gens ont souvent des besoins très différents : d’habitation de luxe des années ’80, la copropriété est souvent devenue le premier pas immobilier des jeunes qui veulent se bâtir un capital en la matière. On retrouve alors des gens qui, une fois leur famille élevée, ont troqué la maison familiale pour un immeuble relativement sans souci avec des services appréciables et la tranquillité ET des petites familles dont les enfants veulent crier leur joie de vivre en courant dans les corridors. Il y a aussi ceux qui sont en passe d’aller vers les résidences pour personnes âgées où on offre plus de services mais qui hésitent à quitter un endroit qui a fait leur bonheur durant les vingt dernières années et qui compte des amis et des connaissances. Pour le gestionnaire de copropriété, c’est un microcosme plein de défis à gérer.

Les grands ensembles de condominiums vivent aussi dans leur ville et contribuent à son dynamisme. Les Verrières sur le Fleuve considèrent qu’elles ont un rôle social à jouer par les achats locaux, par l’embauche, par l’emploi des entrepreneurs locaux, par la collaboration avec le politique.
Avec son ami l’avocat Yves Joli-Coeur
Les grands ensembles de condominiums vivent aussi dans leur ville et contribuent à son dynamisme. Les Verrières sur le Fleuve considèrent qu’elles ont un rôle social à jouer par les achats locaux, par l’embauche, par l’emploi des entrepreneurs locaux, par la collaboration avec le politique.
Pour ce qui est de la loi, elle est venue progressivement établir les grandes balises de la copropriété. La popularité de la formule, le RCGT et les mémoires produits en collaboration avec les gestionnaires de grandes copropriétés ont été et demeurent des moteurs dans la mise en place des normes et règles de celle-ci. C’est ainsi qu’on a vu s’établir les notions de conseil d’administration et d’approbation de budget, de fonds de prévoyance, la capacité d’emprunt hypothécaire qui était un moteur indispensable aux grands ensembles immobiliers et que le Mouvement Desjardins a appuyé.
C’est un monde en bouillonnement où il est question de sécurité, d’inspection, de carnet d’entretien, de gestion des informations confidentielles, d’efficacité énergétique, d’adaptation aux changements techniques, etc., un monde où 1$ investi en prévention vaut 7$ en réparation.
Autrefois, les gestionnaires de copropriété étaient souvent d’anciens gestionnaires d’immeubles locatifs sans compétence particulière. Ils ont souvent appris sur le tas. Les membres de conseils d’administration, pleins de bonne volonté et amenant parfois des compétences spécifiques, ont aussi appris la complexité de gérer un tel monde sur les plans légal, technique, évolutif, financier et humain. Aujourd’hui, l’UQAM et le CEGEP St-Laurent offrent de la formation pour gestionnaires et administrateurs de copropriété, à ces « spécialistes de la non-spécialité » comme les nommait, sourire en coin, Monsieur Jan Towarnicki.
Il tenait à souligner l’importance de la participation aux conseils d’administration. « Nos administrateurs ne doivent pas que passer. Il est important qu’ils demeurent au conseil puisqu’ils connaissent la philosophie et l’histoire de leur copropriété et qu’ils aient la compréhension de dossiers qui mettent parfois des décennies à se régler. » Ils font partie de l’équipe.
Bonne et heureuse retraite, Monsieur Towarnicki.