Texte :Jean-Guy Marceau
Photo : Freepic
Il a la figure ronde comme une lune, une lune d’amour. La cortisone. Il a du courage, tellement de courage. Marc-Yvan a dix ans et vit avec le cancer. Tout près de lui, ses parents, un frère et une bonne famille tricotée serrée. Une armée bienveillante.
Une année s’est écoulée depuis le verdict. On imagine le pire, on ne sait pas, on ne sait plus. On pleure aussi, mon dieu que de larmes. Alors, puisqu’il faut continuer, on donne le maximum, on se bat, on lutte contre la CHOSE de toutes nos forces. J’ai envie de vous parler du courage des parents, en particulier de la maman, puisque je la connais davantage. Marthe est une jolie femme de 40 ans, avec des yeux bleus comme le ciel, un cœur gros comme ça et une envie obsessionnelle de sauver son petit chérubin.
Depuis un an, elle traîne avec son fils, dans les hôpitaux, les cabinets de médecins, de spécialistes en spécialistes. Heureusement , il y a le Manoir MacDonald à Montréal, un havre de paix. Elle ne travaille plus, comment le pourrait-elle ? Un seul désir, la guérison de Marc-Yvan. Elle en est convaincue et, nous aussi, la leucémie est désormais un peu contrôlée, grâce à une greffe de la moelle que son frère lui a donnée. Compatibilité parfaite. Un don d’amour, un don de vie.
Marthe demeure très loin de Montréal, elle se tape régulièrement trois heures d’autobus avec un grand courage et la détermination d’une lionne qui donnerait sa vie pour son lionceau. C’est que voyez-vous, elle n’a pas vraiment le choix. Elle l’aime tant. Cet amour est inscrit dans son cœur, tatoué dans son âme comme un graffiti brûlant. Une épreuve qui la rend plus forte. Je ne sais pas si elle se sait si forte. Dans la famille, on a tous et toutes envie de lui crier : Marthe, tu es fantastique. On fait comme si…on fait comme si ce n’était pas si grave, comme si c’était comme avant. On la fait rire, elle en a bien besoin. On lui parle de la CHOSE, mais brièvement, avec discrétion, compassion et amour. Quelques fois, il faut juste l’écouter…écouter surtout ses silences, froids, ceux qui font mal.
Elle s’est offerte, avant Noël, un voyage à RÊVE D’ENFANT…Disney avec sa petite famille, une trop courte trêve qui ressemblait au bonheur pur et simple. Même le bonheur n’est pas toujours simple. Chère Marthe, elle ne se donne presque pas le droit d’être triste, même un peu. Et nous, tout à côté, un peu comme des clowns sans couleurs et impuissants, on attend en lui tendant la main, en lui offrant plein de tendresse et de chaleur. Mais pas de pitié cependant. Jamais de pitié. Tout comme son courageux petit bonhomme, elle n’inspire jamais la pitié. Elle est plutôt un modèle pour nous. Hier, je la regardais, pensive à la fenêtre, elle semblait calme et sereine, elle ressemblait un peu à un ange qui reprend son souffle juste avant d’entreprendre un autre voyage, peut être le dernier. Tout près de ses ailes blanches, un petit gamin presque heureux avec un visage de lune et un sourire moqueur.
