En ce début du mois de février, bien ancré dans l’hiver, je décide en cette belle journée froide et ensoleillée d’aller me promener. Je descends la rue jonchée de petites maisons (warhouse), toutes plus coquines les unes que les autres, pour rejoindre le fleuve. À peine arrivée en bordure de l’eau, je vois un paysage grandiose, sorti de nulle part, le fleuve Saint-Laurent dans toute sa beauté bleutée.
Je décide donc d’entreprendre une marche qui durera 90 minutes. Sentier pédestre aménagé le long du fleuve pour profiter de la vue exceptionnelle sur les banquises. Caméra au cou et chaudement vêtue, je découvre plusieurs espèces d’oiseaux qui jouissent de l’abondance de nourriture provenant du fleuve St-Laurent. Mes yeux se promènent de droite à gauche sur 180 degrés, pour ne rien manquer. J’aperçois au loin entre les blocs de glace, trois harles couronnés, plongeant sporadiquement dans les eaux glacées, capturant poissons et écrevisses. Les couleurs brunes, noires, blanches et les yeux jaunes du harle couronné offrent un spectacle de couleurs vives sur les eaux bleutées et enneigées du fleuve.

Un goéland à bec cerclé vole doucement à travers le ciel azuré. Levant les yeux, je constate avec stupéfaction un énorme oiseau. Je m’installe à bord de mon appareil photo, pas grave si je me gèle les mains, qui est-il ? Où va-t-il ? Je lui envoie des rafales de photos bien cadrées. Au-dessus de ma tête, il prend les vents ascendants et, tout en tourbillonnant, il monte à une altitude d’environ 1 kilomètre. Il est gros ! Mais de plus en plus petit, c’est un oiseau de proie, c’est un pygargue juvénile. Depuis quelques années déjà, un couple de pygargues à tête blanche ont fait leur nid au beau milieu du Saint-Laurent. Les jeunes, comme ce pygargue, mettront 5 ans avant de devenir adultes. À maturité, leur tête et leur queue deviennent blanches.
Sur le chemin du retour, des canards volent au-dessus de l’eau, déployant leurs ailes colorées. Je prends donc en image un grand harle femelle, battant ses fines ailes à toute allure. La clarté du jour me permet d’arrêter l’image en millième de seconde pour un résultat optimal. À Verdun, c’est un privilège que nous avons d’être à un jet de pierre du fabuleux fleuve Saint-Laurent.
Mario Lefebvre