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Lundi, 20 janvier 2025

Covid: de grands défis en perspectives

Un commentaire de Laurent Dugas

Dans quelques semaines, cela fera deux ans que la pandémie a atteint le Québec. Deux ans de mesures : confinement, semi confinement, lavage des mains, masque, distanciation, couvre-feu, dépistage, traçabilité, vaccin, dose de rappel et une panoplie d’autres expressions habitent notre paysage de tous les jours. Tout cela avec un virus sur lequel les connaissances ont évolué grandement en 23 mois.

L’adhésion de la population aux mesures a été excellente malgré la résistance d’une minorité. François Legault, Horacio Arruda et Christian Dubé sont devenus des figures sympathiques et même que nous nous sommes mis à les aimer. Des millions de personnes ont suivi plusieurs de leurs apparitions au petit écran.

Depuis quelques semaines, on dit qu’il y a « érosion de l’appui aux mesures », on parle même « d’écœurantite » aigüe qui se développe à la vitesse de l’Omicron. Il y a quelques jours, on a même mesuré quantitativement l’érosion de l’appui dont jouissait la CAQ jusqu’ici. Pour pallier la gronde populaire, le gouvernement a même mis de l’avant une mesure pour « taxer » les antivax, mesure qui soulève des questions d’applicabilité, d’éthique et de constitutionnalité.

Nous en sommes là et les semaines qui viennent posent plusieurs questions qui sont autant de défis à relever pour les entreprises, les institutions publiques, les gouvernements et les populations en général.

Le défi de la transparence

Les gouvernements, les organismes de santé publique, les autorités où qu’elles soient, doivent demeurer transparentes dans la divulgation des études, des prévisions, des statistiques concernant le virus, la progression de celui-ci et les façons d’y faire face. La population doit pouvoir compter sur toutes les informations sûres et, surtout, compter sur les « détecteurs de mensonges » pour mettre en lumière toute la vérité et que la vérité.  

Le défi de la légitimité

Nous sommes en situation de crise et les gouvernements doivent pouvoir agir rapidement, aussi rapidement que le développement de la crise sanitaire. Nos gouvernements (fédéral, provincial, municipal) ont été élus démocratiquement. Ils doivent pouvoir compter sur l’appui des populations dans la prise de décisions. Cela ne doit pas pouvoir empêcher le débat public, l’expression des opinions divergentes mais les décisions doivent être prises. Ainsi, le retour en classe ces jours-ci a fait l’objet de longs débats où tous les spécialistes se sont prononcés… mais quelqu’un doit trancher et prendre la décision dans l’intérêt de toutes les parties.

Le défi de la renonciation aux privilèges

Depuis plusieurs années, les travailleurs de la santé, ceux de l’éducation, ceux et celles qui oeuvrent dans les secteurs essentiels de l’économie, ont souvent acquis des privilèges, des droits au fil des négociations conduites par leurs dirigeants. Tout cela est inscrit dans des conventions collectives. La situation actuelle, son urgence et la vie de plusieurs citoyens commandent dans certains cas que certains droits acquis durement doivent être mis de côté temporairement pour faire face à la crise. Vingt-trois mois, c’est long et la fatigue s’est installée. Tous et toutes ont besoin de récupérer, mais peut-on encore étirer un peu plus l’élastique? Peut-on mettre de côté des règles qui s’appliquent dans les conditions normales? Peut-on le faire en s’appuyant sur des consensus?

Le défi de l’entraide

La pandémie a eu quelque chose de bon. Elle a révélé l’immense capacité des gens de se mobiliser pour aider ceux et celles que la société place parfois dans la marge. La pandémie a révélé l’utilité de nombreux organismes qui travaillent auprès des plus démunis. Parce que la crise a accentué les inégalités, parce qu’elle a projeté sur le trottoir des personnes qui ne s’y attendaient pas, voilà que les collectivités ont serré les rangs. Le défi, c’est de maintenir cet élan de solidarité pour que tous et toutes y trouvent leur place en attendant le retour de jours meilleurs.

Le défi de la vaccination

La science a évolué dans sa connaissance du virus depuis 23 mois. Il y a une constance qui s’est installée depuis plusieurs mois, c’est celle de la certitude que la vaccination est nécessaire pour contrer le virus, pour en atténuer les effets, pour protéger les plus vulnérables. Alors, le défi est de convaincre les 8 ou 10% de la population qui refuse le vaccin. Je ne suis pas certain que la « taxe santé » supplémentaire est la bonne mesure. Il faut continuer d’essayer de convaincre, mais le temps presse et il faudra des incitatifs.

Voilà pour quelques défis à relever pour tenter de sortir de cette crise.

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