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Lundi, 19 mai 2025

Verdun + Île-des-Sœurs
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Belle visite, côté jardin

Texte de Marek Zielinski
Recherche de Luz Garcia de Zielinski

Pour deux jours, Verdun a reçu une belle visite exotique : une délégation kényane venue échanger son expérience en agriculture urbaine, un concept qui fait son chemin partout dans le monde. Il faut croire que Verdun est devenu une référence en la matière, car les visiteurs sont venus expressément de Toronto, leur point d’arrivée au Canada, pour rencontrer leurs collègues québécois.

Bien manger, bien vivre

Samuel Ikua et Neral Shah, respectivement coordonnateur des projets et responsable des finances à l’Institut Mazingira de Nairobi, ont été invités pour une visite organisée par Efemena Ozugha de l’organisme Abri International Canada, en collaboration avec Louise Constantin, qui siégeait durant sept ans à son CA.

L’emploi du temps est serré pour permettre de rencontrer plusieurs organismes et personnes-ressources ayant une expérience et une expertise dans le domaine de l’agriculture urbaine. À Verdun, nos amis kényans ont été reçus par les responsables de MultiCAUS (La Coopérative de solidarité Abondance Urbaine Solidaire), représentée par Tracey Arial, qui regroupe et organise autant les producteurs que consommateurs des produits alimentaires sur notre territoire, avec un accent particulier mis sur le quartier ouest de Verdun, qualifié de désert alimentaire.

Lors de la rencontre, chaque partie a présenté sa philosophie, son mode de fonctionnement et ses projets en cours et dans l’avenir. La conseillère municipale, Céline-Audrey Beauregard, a apporté sa vision de l’agriculture urbaine et en a défini les défis les plus urgents. Elle en est une fervente promotrice au sein du Conseil municipal.

Une brève mise en contexte

L’Afrique subsaharienne est parmi les régions du monde qui se développent le plus rapidement. Comme son nom l’indique, elle se trouve au sud du Sahara et englobe plusieurs pays, le Kenya étant l’un des plus importants avec une population de 48 millions d’habitants. La capitale, Nairobi (la grande agglomération), en compte près de huit millions à elle seule. Montréal et Nairobi sont confrontées au même problème de l’offre alimentaire de proximité et de qualité. La solution passe dans les deux cas par la prise en charge d’une part importante de la production agricole par les communautés. Ce mouvement est à contre-courant de celui de la centralisation, de la concentration à travers les fermes molochs, conçu et géré comme des entités corporatives, avec tout ce que cela suppose : profit à tout prix, OGM, insecticides, surexploitation.

Sam Ikua, Louise Constantin, Neral Shah, LUZ Garcia Zielinski, Marek Zielinski et Efemena Ozugha. Photo Jack Northon

Le développement de l’agriculture urbaine peut être un moteur de changements sociaux, permettant notamment aux femmes d’accéder à la propriété terrienne. Si les lois garantissant ce droit existent au Kenya, le poids des traditions et coutumes empêche leur application, d’où l’idée de créer et promouvoir le projet Espaces pour les femmes, chapeauté par l’Institut Mazingira et l’Abri International, de concours avec des organismes sur place dans plusieurs pays africains, précisément l’Ouganda, l’Angola, l’Afrique du Sud et le Kenya. Les recherches et surtout le travail sur le terrain ont démontré sans aucun doute que donner plus de pouvoir aux femmes est la meilleure manière de lutter contre la pauvreté, la violence sexiste, l’insécurité et la précarité dans toutes ses formes — absolument tous les indicateurs socio-économiques du progrès s’améliorent si la situation des femmes change. Ce projet de durée de cinq ans touche plus de 4000 ménages, qui bénéficient du soutien sous toutes ses formes (logistique, parajuridique, etc.) pour leur permettre d’accéder aux meilleurs logements, à la terre et aux moyens de subsistance.

Samuel et Neral, en compagnie d’Efemena, ont pu, en quelques jours bien occupés, rencontrer plusieurs acteurs de l’agriculture urbaine, notamment Vicky St-Pierre et Glenn Martin Rubenstein. Sous les tropiques ou aux portes du Grand Nord, les besoins basiques en nourriture de qualité et de proximité constituent le plus grand dénominateur commun de l’humanité. Travailler ensemble et partager son expertise dans ce domaine a des répercussions qui dépassent de loin l’aspect purement alimentaire ; c’est la prise en main de notre destinée commune en tant qu’habitants de ce bout de roche qui déambule dans l’espace sidéral à une vitesse folle.

Multi-CAUS

Abri International

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