Petite buse
Buteo platypterus
Broad-winged hawk
Ordre des Accipitriformes
Famille des accipitridés
Texte et photos de Mario Lefebvre
Par un bel après-midi ensoleillé, j’aperçois un oiseau pas comme les autres ! Me rapprochant à pas feutrés, les yeux rivés sur le sujet, je brûle d’impatience d’en prendre une photo. Lorsque je suis relativement près de l’oiseau, je sors mon appareil photo, ne faisant aucun bruit – ne commettant aucun geste brusque – pour ne pas l’effrayer. Sis sur une branche à une vingtaine de mètres de moi, je profite du moment pour tirer le meilleur de cet oiseau magnifique. La clarté qui émane du ciel azuré cette journée-là est d’une pureté absolue. Tous les éléments essentiels pour une réussite photographique sont rassemblés. Le temps de cliquer deux fois et la petite buse s’était envolée.
Parfois, un court laps de temps à faire ce qui nous passionne peut nous entraîner dans un tourbillon de joie qui perdure. Voilà l’usufruit de tout accomplissement, je crois !
La petite buse est un rapace diurne et la plus petite des buses que l’on retrouve au Québec. De la grosseur similaire à la corneille d’Amérique, elle possède un corps trapu et une queue courte. Il existe 70 genres et 260 espèces de buses partout dans le monde. La buse pattue, la buse à épaulettes et la buse à queue rousse, pour ne nommer que celles-là, sont des espèces qui vivent aussi au Québec. Les grosseurs et les couleurs sont différentes d’une espèce à l’autre, mais elles sont ressemblantes au premier coup d’œil.
La petite buse est un oiseau de proie muni de quatre doigts sur lesquels ses griffes sont recourbées et acérées, afin de transpercer les chaires des petits rongeurs et mammifères avec aisance. Avec ses ailes pointues et ses serres puissantes, elle choppe un oiseau en plein vol. Son cri plaintif et assourdissant s’entend de loin en forêt. Un « ti-piii » perçant et monocorde lancé par la petite buse, le bec grand ouvert, pour en avoir fait l’expérience, est apeurant !
Au Québec, la petite buse revient au printemps et migre à l’automne vers le sud des États-Unis et au Mexique. Elles voyagent en groupe, c’est un oiseau monogame qui n’a qu’une couvée durant l’année. De deux à trois œufs émergeront au printemps, et les oisillons duveteux seront nourris par les parents pour une période d’environ 35 jours. Par la suite, les petits feront déjà leur première conquête de différentes nourritures seuls.
En vol, la petite buse se reconnaît à sa bande blanche ornée de deux bandes noires sous la queue. L’espèce présente un dimorphisme sexuel, la femelle étant plus grosse que le mâle. Son poids est d’environ 300 grammes et son envergure d’ailes est de 86 centimètres. La petite buse possède une vision binoculaire importante, qui lui permet un repérage efficace des proies. Sa tête et son cou sont brun-rougeâtre et son dos est uniformément brun foncé. Sur sa poitrine, des rayures rousses et larges font contraste sur son ventre blanc. Dans les années 30, les oiseaux de proie étaient chassés pour le plaisir ou considérés comme nuisibles. Des milliers d’oiseaux étaient tués chaque année. Par la suite, la déforestation des habitats naturels est venue leur donner leur coup de grâce, et les populations diminuèrent considérablement. Partout au Canada, désormais, les oiseaux de proie sont protégés. Il est strictement interdit de chasser ou même de posséder une plume d’oiseaux de proies, ce qui voudrait dire que l’on s’est trop approché de l’espèce.
Aujourd’hui, un quart de la population mondiale d’oiseaux a disparu. Certaines espèces se sont mieux adaptées aux exigences de l’homme et leurs nombres sont en progression : tant mieux. Souhaitons ardemment que tous et chacun de nous, par de petits gestes réfléchis, puissions contribuer à leur mieux-être et par la même occasion, à leur survie.